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moment favorable pour tenter de s'affranchir, lui aussi, de la primatie lyon-
naise, et il commença une procédure au Parlement. Mais il ne tarda pas à
 se rendre compte qu'il faisait fausse route, et il se désista de sa demande.
      Quant aux archevêques de Sens et de Paris, ils n'essayèrent même pas
de suivre l'exemple de leur confrère, car le droit du Siège de Lyon vis-à-vis
d'eux était trop évident. Aussi bien, l'archevêque de Paris ne pouvait igno-
rer que la Bulle toute récente de Grégoire XV, par laquelle l'évêché de
Paris, distrait de la métropole de Sens, était érigé en archevêché (1622),
avait formellement réservé les droits de la Primatie de Lyon sur Paris.
      L'arrêt du 12 mai 1702 demeura donc un arrêt d'espèce, comme disent
les juristes ; il ne fit pas jurisprudence, et Lyon demeura, comme avant,
le premier siège de France : Prima Sedes Galliarum.

                                                      m
     Peu d'années plus tard, Saint-Georges eut encore à exercer sa juridic-
tion primatiale dans une circonstance mémorable : c'est devant lui, comme
Primat, que les religieuses révoltées de Port-Royal interjetèrent appel d'une
ordonnance du cardinal de Noailles, archevêque de Paris, qui leur enjoi-
gnait de se soumettre à la bulle Vineam Domini1.
     Claude de Saint-Georges, qui avait survécu à Colbert, mort en 1707,
mourut à son tour, dans son archevêché 3, en 1714, âgé de 94 ans 3. Son
éloge funèbre fut prononcé par le Père de Colonia, le célèbre jésuite, le
27 juillet 1714, à Saint-Jean 4. L'orateur n'oublia pas de louer l'illustre
défunt d'avoir, dans la capitale du royaume, soutenu « avec l'intrépidité

      1. Louis XIV ne fut d'ailleurs pas parfaitement satisfait de Saint-Georges dans cette affaire et le lui fit
savoir par une lettre fort sèche du ministre Torcy.
      2. Sur l'œuvre de Saint-Georges au Palais de l'archevêché, voir l'intéressant ouvrage de M. le chanoine
Vanel, l'Archevêché (Extrait du Bulletin historique du diocèse de Lyon).
      3. L'épitaphe porte que Saint-Georges avait quatre-vingt-quatre ans ; c'est une erreur certaine. Il avait
au moins quatre-vingt-quatorze ans. La même erreur a été commise par Péricaud, loc. cit. On possède en
effet le testament de son père, daté de 1630. Or cet acte mentionne l'existence de cinq enfants, dont Claude
était l'aîné. Le futur archevêque, en 1630, était donc né depuis plusieurs années. Quand il devint chanoine
de Lyon, en 1650, il n'avait donc pas vingt ans, mais probablement trente ans, et à sa mort, il avait par consé-
quent quatre-vingt-quatorze ans environ (V. Sandre, loc. cit).
      4. « Oraison funèbre de Monseigneur l'Illustrissime et Révérendissime Claude de Saint-Georges, arche-
vêque et Comte de Lyon, Primat de France, par le Père Dominique de Colonia, de la Compagnie de Jésus ».
  Lyon, Laurens, 1714 ; in-40 avec portrait).