Revue du Lyonnais » série 6 - n°9-12 ( 1923 ) » pp.335

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ta pas à les déférer au Conseil du Roi, comme entachées d'abus. Il espérait,
s'il obtenait une déclaration d'abus, ruiner par la base la prétention de son
adversaire. Mais celui-ci ne demeura pas en retard, et, à son tour, invité
d'ailleurs à cette procédure par un arrêt du conseil, il en appela de la Bulle,
à la supposer authentique, de Calixte III, et de toute la procédure suivie à
Rome sous ce pontife l. Et c'est ainsi, que le grand pape de Canossa et le
pape qui a réhabilité Jeanne d'Arc, furent traduits, en 1702, à la barre de
Louis XIV. Ajoutons que les appels comme d'abus furent rejetés, et les
deux papes mis hors de cause et de procès... sans dépens.




      Mais il est vain de faire des hypothèses, et de rechercher plus avant
quels secrets motifs de faveur, de haute politique ou autres, ont pu finale-
ment influer sur la décision. Toujours est-il qu'en dépit de son bon droit,
dont nous ne pouvons guère douter aujourd'hui, et malgré sa belle défense,
l'archevêque de Lyon perdait son procès — et perdre un bon procès, n'est
pas, après tout, un sort si exceptionnel.
      Vainement, ayant épuisé les arguments de droit et d'histoire, Saint-
Georges fit-il un appel émouvant à la justice du grand Roi : « Sire, s'écriait-
il, les victoires que vous avez remportées vous donnent, dans les annales
de la nation, le juste titre de conquérant ; mais la justice que vous rendrez à
une Eglise célèbre qu'on veut indignement dégrader, sera un monument
éternel où tous les siècles apprendront votre zèle pour la religion. — Vos
actions immortelles diront à toute la terre que vous êtes le digne successeur
de Clovis et de Charlemagne ; mais la protection que vous accorderez à une
Eglise que l'on veut dépouiller du droit qui lui appartient à tant de titres,


     1. « Causes et moyens d'appel comme d'abus que met et baille par devant le Roy et Nosseigneurs de
ses Conseils, Claude de Saint-Georges, archevêque de Lyon, appelant comme d'abus de la sentence du
Cardinal de Sainte-Croix, du ia novembre 1455, de toute la procédure faite pour y parvenir, ensemble de
l'impétration des Bulles de Calixte III... et de tout ce qui s'en est suivi, contre messire J. N. Colbert, arche-
vêque de Rouen, — pour satisfaire à l'arrêt du Conseil d'Etat privé du Roy, du 19e jour de décembre 1701 »,
^ Il y avait cinq moyens d'abus relevés par Saint-Georges.
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