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 département de la Drôme, à Allex, où sa mère possédait un beau château
construit par la famille de La Tour du Pin. L'heure du départ du bateau ne
lui en laissa pas le temps. Il débarqua un peu avant Avignon, gagna cette
ville à pied, en savourant au passage les raisins et les figues, parcourant une
grande partie du Midi tantôt à pied, tantôt en diligence. Il vit ainsi Nîmes,
Montpellier, Arles, Aix. Il passa deux mois à Marseille, puis suivit à pied la
Côte d'Azur jusqu'à Nice où il s'embarqua pour Gênes, et visita les princi-
pales villes d'Italie jusqu'à Naples. A son retour du sud, nous perdons sa
trace à Venise et nous le voyons reparaître à Strasbourg. Toujours peu
pressé de revenir auprès de son père, il se rendit à Paris et ce n'est qu'après
y avoir en trois mois épuisé toutes ses ressources qu'il reprit mélancolique-
ment le chemin de Muskau.
      Malgré l'excellent souvenir que Pûckler avait gardé de Lyon, il n'y
revint jamais. En 1834, il retourna dans le Midi, mais en passant par Paris,
Tours, Bordeaux, Tarbes où il s'arrêta longtemps, Toulouse et Marseille.
A Toulon, il s'embarqua pour Alger, première étape d'un voyage en Orient
qui dura cinq ans.
      Peut-être cependant n'est-il pas téméraire de dire que quelque chose
de la pensée de Piickler vint plus tard à Lyon. Devenu en 1811, par suite de
la mort de son père, propriétaire de la seigneurie de Muskau, il entreprit
d'embellir cette résidence en l'entourant d'un immense parc, comparable
aux plus beaux d'Angleterre. Sa création, à laquelle il consacra un labeur
infatigable et des sommes énormes, était déjà suffisamment avancée vers
1830 pour exciter l'admiration de tous les visiteurs. Il exposa ses principes
et fit part de ses expériences dans un ouvrage technique qui confirma son
autorité souveraine en matière d'art des jardins. Une traduction française
de ce livre, faite à l'instigation de Henri Heine, parut en 1847 à Stuttgart
sous le titre à* Aperçu sur la plantation des parcs en général, joint à une des-
cription détaillée du parc de Muskau. En 1834, Pûckler, reçu dans l'intimité
de la famille de Louis-Philippe, fut consulté par la reine Amélie et Madame
Adélaïde au sujet du jardin des Tuileries que l'on aménageait alors ; il
suggéra des modifications qui furent exécutées. Vingt ans après, il revenait
aux Tuileries sur l'invitation de Napoléon III qui désirait l'intéresser à la
création du Bois de Boulogne et qui lui soumit lui-même les plans. Sans

Rev. Lyon,, III, ni                                                      5