Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                 — 222

s'évertue à créer des légendes ; il suffit de découvrir une colonne pour avoir
découvert l'emplacement d'un temple, de lire un nom sur une pierre pour
situer l'emplacement d'un palais; la moindre citerne et la plus petite cana-
lisation souterraine, et elles sont en très grand nombre autour de l'Anti-
quaille, sont prétexte à suppositions, qu'il a fallu détruire plus tard faute
de preuves positives.
      Pierre Sala, auteur lui-même, puisqu'il composa le Livre d'Amitié et
mit en vers français le roman de Tristan et de la belle Yseulte, resta jus-
qu'en 1515 propriétaire de son domaine et s'employa à l'agrandir. En mou-
rant, il le laissa à ses héritiers, Marguerite Bullioud, sa veuve, Eléonore
Sala, sa sœur, mariée à Hector Buatier, et à Symphorien Buatier, son neveu,
ce dernier, comme lui, amateur éclairé des lettres et personnage distingué
 de la ville.
       La seigneurie de l'Antiquaille échut ensuite à Benoît Buatier, vicaire
 général du cardinal de Tournon, archevêque de Lyon, puis ensuite à son
 parent, l'historien Claude de Rubys, auteur de l'Histoire véritable de Lyon,
 datée du 31 décembre 1600 ; elle rentra finalement dans la famille des
 Buatier qui la possédèrent jusqu'en 1629.
       La riche demeure bourgeoise, dont les tourelles pointues se détachent
 si bien au-dessus de la ville sur le plan scénographique de 1550, va changer
 d'aspect. Tous les meilleurs emplacements de la ville, tant sur les rives des
 fleuves que sur les coteaux de la Croix-Rousse et de Fourvière, se peuplent
 de monastères, d'églises et de chapelles. L'Antiquaille ne pouvait échapper
 longtemps à cette destination.
       Mathieu de Sève, trésorier de France, avait une de ses filles au deuxiè-
 me couvent de la Visitation, installé en 1627 montée du Gourguillon, dans
 un immeuble très exigu. Il acheta, moyennant 21.005 livres, le domaine de
 dame Buatier, veuve de Masso, et en fit don à l'ordre, dans lequel se trou-
 vait sa fille.
       Le 3 avril 1630, Marie de Quérard, supérieure du nouveau couvent, en
 prit possession et s'occupa de transformer les bâtiments, peu propres à
 loger une nombreuse communauté. Une belle chapelle fut édifiée ; sa con-
 sécration solennelle eut lieu le I er octobre 1639 par monseigneur de Co-
 hon, évêque de Nîmes.