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— 2ig — la tradition, ne donnent, comme à l'Antiquaille, une base à cette conjec- ture. D'autres grands personnages romains habitèrent notre ville d'une façon plus constante ; ce furent tous les hauts dignitaires des Gaules et surtout le gouverneur des trois provinces. D'abord Agrippa le créateur de nos quatre magnifiques voies nationales, puis Drusus qui éleva le temple de Rome et d'Auguste. Ses fils, Germanicus et l'empereur Claude, seraient nés dans le palais de l'Antiquaille, toujours d'après les vieux historiens lyonnais. N'oublions pas nos illustres martyrs. Une pieuse tradition, transmise par les Sœurs Visitandines de l'Antiquaille du xvir9 siècle, raconte que c'est dans une sorte de prison souterraine, encore visible aujourd'hui sous la cour du cloître, que furent enfermés saint Pothin, premier évêque de Lyon, et les quarante-huit chrétiens mis à mort avec lui en l'an 177. On voit, dans cette sorte de caveau, une excavation où saint Pothin aurait été muré vivant, et un crochet fixé à un pilier de pierre qui aurait servi à suspendre sainte Blandine. Un souterrain se dirigeant de ce caveau dans la direction de l'Amphithéâtre rend parfaitement plausible l'exactitude de cette croyance. Un de nos compatriotes, le Père Ménestrier, raconte que, de son temps, on a trouvé sur l'emplacement qui nous occupe, des restes de forges propres à fabriquer des monnaies. R. Emilius Buca aurait été propriétaire de cet atelier appelé Castellum Bucii. Si nous franchissons l'époque qui nous sépare de la décadence romai- ne, nous apprenons, toujours par nos vieux auteurs, que Sidoine Appoli- naire a dû naître dans ce même palais, en l'an 430, alors que son père remplissait la fonction de préfet du prétoire. C'est le dernier écho qui nous est parvenu sur le passé de l'Antiquaille avant l'invasion des Burgondes. A partir de cette époque et jusqu'au xir3 siècle, Lyon cesse d'être une capitale et devient un objet de destruction et de pillage pour tous les peuples qui rencontrent cette ville sur leur route. Les Sarrasins en 725 et les Hongrois en 935 passent pour avoir détruit systématiquement tous les vestiges de l'occupation romaine, ce qui expli- que la difficulté, plus grande que dans toute autre ville, de reconstituer cette mémorable époque de notre histoire locale. Quel est le sort de l'Antiquaille pendant ces siècles d'anéantissement