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des ossements de saint Vincent et des ornements et dorures de ces habille- ments pour être mis dans le creuset, où il (le saint) pourrait faire de plus grands miracles que dans sa châsse ». Cependant, chose curieuse, la « super- stition et le fanatisme » n'étaient pas complètement extirpés, car, le 18 nivôse, un membre du comité signalait « une infinité de légendes fanatiques qui ne sont que des contes et qui offusquent les yeux de tout républicain dans le ci-devant cloître ou dortoir où réside la maison commune ». L'application de la loi sur le maximum, partout si difficile, requit particulièrement l'énergie des commissaires. On accusait la Guillotière d'« accaparer les denrées destinées à Ville-Affranchie ». Les membres du comité résolurent de se laver de ce soupçon outrageant et d'« éclairer à ce sujet les sections de la ville ». En attendant, ils arrêtèrent avec la plus extrê- me diligence tous les contrevenants qui leur furent signalés. Le citoyen Muriat, traiteur et pâtissier, fut mis sous les verrous le 11 nivôse. Le même jour, le nommé Pierre Carton, de Commune-Affranchie, était surpris « em- portant un panier de porc salé qu'il avait déclaré avoir acheté chez Perrot, charcutier à la Guillotière, et payé à raison de vingt-cinq sols la livre ». Acheteur et vendeur furent incontinent arrêtés. Le 13 nivôse, on saisit un individu « qui apporte ordinairement du pain blanc caché dans du foin à différents particuliers ». Mais tant de zèle ne tarda pas à inquiéter la muni- cipalité de la Guillotière qui « craignant la surveillance des commissaires, ne négligea rien pour entraver leurs opérations ». Le 11 nivôse, elle dénonça comme arbitraires les « détentions des citoyens Pierre Perrot, Antoine Muriat, Pernon et Bonnerue ». Le comité, qui avait déjà envoyé un de ses membres pour se justifier à Vienne, proclama qu'il se réservait « toutes les voies révolutionnaires sur un objet aussi grave, puisqu'il tend à entraver les opérations de sûreté de la République ». Il se livra, sans plus de retard, à des représailles contre les édiles. Quelle avait été leur conduite civique avant et pendant le siège ? Le citoyen Sauseigne, grenier, était particulièrement visé. Menu fut chargé de faire une enquête sur ses antécédents. Dolle signala des « désordres et des débats indécents qui régnaient depuis quelque temps à l'assemblée du peuple, à la ci-devant église ». On y avait parlé de « former des sections contre les patriotes ». C'était un nommé Alain qui avait, paraît- il, émis ces « motions incendiaires ». Traduit devant le Comité, il invoqua