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té ». Le Comité devra placer à la tête de l'atelier Suchet, où l'on raffine le
précieux produit « un sans-culotte bien prononcé capable par son énergie
de tirer parti de toutes les ressources ». Ce citoyen ira « s'instruire dans
l'art du salpêtrier à l'école qui va s'ouvrir à Commune-Affranchie ». Ce
sans-culotte bien prononcé, naturellement, c'est Dolle qui est, sans plus
tarder, choisi « pour diriger l'atelier révolutionnaire de la Guillotière ». En
même temps qu'il en retirait de sérieux avantages, Dolle entendait bien ne
rien sacrifier à la chose publique. Le 14 nivôse, il demandait, en effet, « les
moyens de se faire rembourser de deux chevaux qu'il avait fournis dans la
ferme Macors pour faire les cultures » et qui étaient morts « excédés de
fatigue ».
      En regard de ses exigences pécuniaires, le Comité, dans la pétition
qu'on a lue, faisait sonner bien haut ses services : surveillance des biens
séquestrés, recherche des objets précieux, argenterie, trésors cachés, arres-
tation de suspects et surtout exécution de la fameuse loi du maximum. Son
registre nous permet de le suivre sur chacun de ces objets.
      Les maisons séquestrées étaient, on l'a vu, au nombre d'une centaine,
pour la plupart fermes, granges ou maisons de campagne. Les commissaires
firent, à cet égard, preuve d'un certain bon sens. Ils observèrent, dès le
 début, que les frais de garde absorbaient inutilement des sommes folles. Ils
demandèrent, le 6 nivôse an II, que l'on fît cesser le scandale des gardiens
« qui mangent la nation ». Beaucoup de maisons, fermes ou granges, fai-
saient-ils remarquer, pouvaient être gardées gratuitement : il suffisait de les
remettre à la charge et sous la responsabilité des fermiers ou grangers.
 Chaque jour, deux commissaires au moins faisaient la tournée des domaines
séquestrés. Ils vérifiaient si les gardiens étaient bien à leur poste, si rien ne
 manquait des meubles, objets, provisions, récoltes, etc., mis sous scellés ;
ils réclamaient les loyers aux « locataires de la nation », etc. De retour, ils
 signalaient les délinquants et c'est ainsi que nous pouvons connaître la
qualité de ceux-ci et la nature de leurs délits.
      Le 3 nivôse, les citoyens Poinsot et Marchand sont envoyés à la grange
 d'Ainay « appartenant au citoyen Jonage » ; ils y prennent connaissance des
baux à ferme et du cheptel qui doit être laissé au fermier. Le lendemain, ils
 font arrêter un certain Barriot, qui avait enlevé des foins de cette propriété.