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 langage, bretiait, peu usité au singulier, mais couramment employé au
 pluriel bretiaou, veut dire bas taillis, repousses, fourrés, breton signifie pu-
 naise des bois, comme terrait, au pluriel terraou veut dire fossé — d'où
 le nom patronymique du chevalier Bayard et celui de notre place des
 Terreaux.
       Les « breteaux » s'étendaient donc primitivement assez loin mais, au
 dix-huitième siècle, les bourgeois lyonnais, pris d'une noble passion pour
 l'agriculture, s'étaient mis à défricher ces terrains broussailleux coupés de
 marécages. Hormis les îles et les bords immédiats du Rhône, la plus grande
 partie de la plaine actuelle des Broteaux et de la Guillotière était donc li-
 vrée à la charrue ou à la bêche. Ce n'était de toutes parts que fermes et
jardins. La population devait être de quatre à cinq mille âmes, sans que
l'on puisse préciser le chiffre. Elle était, en 1768, de trois cent vingt-six
feux, mais on sait que le compte des feux était extrêmement bizarre et
 compliqué ; établi en vue de la taille il comportait des retranchements mul-
tiples, c'est dire qu'il était loin de correspondre au nombre des maisons.
 En 1790 la Guillotière comptait 53 éligibles aux corps administratifs et 17
éligibles à l'assemblée nationale. Vraisemblablement très diminuée sous la
Révolution, à la suite des troubles, du siège, du chômage, elle atteignait cinq
mille neuf cent soixante-seize habitants en 1805, après la remarquable re-
prise d'activité du Consulat. C'est donc un peu au-dessous de ce dernier
chiffre qu'il conviendrait de la placer en 1789. Les maisons s'alignaient le
long de la grande-rue et à la fourche que formaient la route de Grenoble
et le chemin de Villeurbanne. Le reste, fermes, cabarets, villas, s'éparpillait
sur un territoire immense qui allait, au sud, jusqu'à Saint-Fons, à l'est jus-
qu'à Bron, au nord-est jusqu'à Villeurbanne, au nord jusqu'à Vaulx-en-
Velin, englobant tout le quartier actuel des Broteaux et la ferme, aujour-
d'hui parc de la Tête-d'Or. Entre la Guillotière et Villeurbanne se trouvait
le petit hameau de la Ferrandière. Aux Broteaux quelques bâtisses jalon-
naient déjà la naissance du cours Morand. On signalait pour sa hauteur
la maison Berlier ; il y avait aussi dans ce quartier un établissement de
bains renommé, des guinguettes et une loge maçonnique, dite Loge de la
Bienfaisance. La plus grande partie de ce terrain appartenait aux Hospices,
car, à l'exemple de M me de Servient, qui, la première, avait légué à la cha-