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— *33 — CHAUMES Ni l'azur de l'été, son or, ni la courbure Que dessinent ces monts bondissants, ni le cours Du fleuve solennel au milieu des pâtures Ne blessent plus mon cœur de leur chère morsure : Je reste indifférent à la beauté du jour... Car je suis moissonné de mon premier froment Qui tomba sous la faux avant le temps des meules, Et quand souffle ce vent dont naissait mon tourment, Et qui courbait d'amour ces blés de mon printemps, Où vibraient les épis ne reste que l'éteule. Chaque journée a vu s'effondrer un andain Dont venait se serrer la légère jonchée Sur le précaire appui des tiges épargnées. O mon tendre blé vert aux lances engaînées De longues feuilles bleues ! O blé de mon matin ! Premier blé de mon cœur qui tombas sans mûrir, Donnant ta jeune sève au tranchant des faucilles, Pour qu'à nouveau la pluie à tes barbes scintille, Pour que ta nappe encor sous le soleil pétille, Qui donc un jour fera ton chaume refleurir i Paul MAUBERT.