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                 CHAUMES

 Ni l'azur de l'été, son or, ni la courbure
 Que dessinent ces monts bondissants, ni le cours
 Du fleuve solennel au milieu des pâtures
 Ne blessent plus mon cœur de leur chère morsure :
 Je reste indifférent à la beauté du jour...

Car je suis moissonné de mon premier froment
Qui tomba sous la faux avant le temps des meules,
Et quand souffle ce vent dont naissait mon tourment,
Et qui courbait d'amour ces blés de mon printemps,
Où vibraient les épis ne reste que l'éteule.

Chaque journée a vu s'effondrer un andain
Dont venait se serrer la légère jonchée
Sur le précaire appui des tiges épargnées.
O mon tendre blé vert aux lances engaînées
De longues feuilles bleues ! O blé de mon matin !

Premier blé de mon cœur qui tombas sans mûrir,
Donnant ta jeune sève au tranchant des faucilles,
Pour qu'à nouveau la pluie à tes barbes scintille,
Pour que ta nappe encor sous le soleil pétille,
Qui donc un jour fera ton chaume refleurir i


                                      Paul MAUBERT.