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d'écrire, d'ailleurs, a été étouffé ; la presse non officielle a disparu ; sans
doute Napoléon a rétabli l'ordre, mais il a supprimé la liberté : il pense,
l'Empereur, que « l'imprimerie est un arsenal qu'il importe de ne pas
mettre entre les mains de tout le monde... ; il s'agit d'un état qui intéresse la
politique et dès lors la politique doit en être juge ». « Le Livre », cela va de
soi, souffre de cette tutelle rigoureuse, de ce régime pesant et oppressif
comme une féodalité. Les contrefaçons, les éditions clandestines, les publi-
cations anonymes et obcènes reprennent et sévissent de plus belle : il faut
bien vivre! Le directeur de la Librairie doit exercer une surveillance de
plus en plus étroite et sévère sur les productions littéraires et sur les images ;
il veut tout connaître, tout savoir. Après les typographes, touchés les pre-
miers, les imprimeurs en taille-douce et les marchands d'estampes, jus-
qu'aux colporteurs et aux « étaleurs de livres », qui avaient échappé jusque-
là à cette terrible sollicitude, doivent, en 1812, être signalés à sa vigilance
indiscrète. Les cabinets de lecture sont soigneusement dénombrés, catalo-
gués, et leurs noms sont mis sous les yeux de l'irascible directeur.
     Quand, en 1814, le régime change, seuls les noms changent avec lui ; la
réglementation reste la même, les libelles injurieux contre le gouvernement
aussi, mais les auteurs sont autres. Les enquêtes et les saisies se succèdent
sans arrêt, jusqu'au jour où, débordé, l'inspecteur de la librairie, Johannot,
qui a pris dans ce poste la place de Bruyset, est obligé d'imposer au lieute-
nant général de la police des descentes nocturnes dans les ateliers suspects,
et jusqu'à des visites générales et simultanées dirigées par les commissaires
de police.
      Ce ne sont plus, en effet, de toutes parts que contrefaçons, publica-
tions illicites, manifestes et libelles. Le 20 août 1816 on saisit dans les
ateliers de Brunet, qui a succédé à Villeprend, son beau-père, chez Cutty et
chez Boursy, une édition de la Théologie, de Bailly, ouvrage qui appartient à
Mathieu Rusand. Mistral, qui publie des factums combattifs sur les élec-
tions, est condamné à de fortes amendes et son brevet d'imprimeur lui est
momentanément retiré. En 1826, l'« Affaire Courier » met la Préfecture en