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Ménestrier faisait imprimer chez Benoît Coral le Véritable Art du Blason,
ou les Règles des Armoiries sont traitées d'une nouvelle Méthode, plus aisée que
les précédentes : les origines expliquées, et establies par de solides raisons, et de
fortes authoritez : les erreurs de plusieurs autheurs corrigées, la pratique de
chaque nation examinée, et les causes de leur diversité fidellemêt raportees. Ce
fut un scandale ; le livre ne plut pas au Père Claude Le Laboureur, ancien
prévôt de l'Ile-Barbe, l'auteur passionné des Mazures, qui répondit par une
Epistre apologétique pour le discours de Vorigine des armes, « écrit plein d'er-
reurs, réplique Ménestrier en 1661 dans l'Art du Blason justifié, plein
d'inexactitudes et d'impertinences mêlées à des ordures ». Bref, de simple
controverse, la discussion ne tarda point à dégénérer en une querelle où se
fourvoyèrent de basses insultes, des invectives indignes du talent et de la
qualité des auteurs.
De livre en livre, année par année, le Père Ménestrier publia ainsi, tant
à Lyon qu'à Paris et dans bien d'autres villes, plus de cent soixante ouvra-
ges, la plupart sur la science du blason et des armoiries, questions dans
lesquelles il s'était fait une compétence particulière.
L'exercice de l'Imprimerie, au milieu du XVIIe siècle, est sévèrement
réglementé ; mais la rigueur de ce régime, ses prescriptions impératives ne
font que rehausser la dignité d'une profession où l'on exige de l'apprenti,
toujours engagé pour cinq ans, des garanties de savoir qui l'élèvent bien
au-dessus de la moyenne sociale : il doit « lire le grec et avoir étudié le latin
jusqu'en humanité, ce dont fait foi un certificat du recteur de l'Université ».
Défense est faite aux maîtres-imprimeurs d'occuper des apprentis mariés,
et leurs ateliers, limités à dix-huit et localisés sur la rive gauche de la Saône,
entre Saint-Nizier et les Jacobins, sont soumis à une étroite surveillance
administrative ; rien ne doit en sortir sans la permission de l'autorité com-
pétente, sous peine de fouet. Au surplus, l'imprimerie est claâsée parmi les
professions libérales, « non dans les autres où la force est tout et l'intelli-
gence rien ».
Mais l'art typographique est, à cette époque, en complète déchéance ;