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des livres non prohibés, imprimés hors du royaume, sous le nom de Lyon
et [qui les] décharge de toute amende ou peine à ce sujet ». Prévenu de ces
permissions, qu'il juge à bon droit « grandement préjudiciables à la Ville de
Lyon », et qu'il n'est pas d'humeur à tolérer sans rien dire, le Consulat
demande au Parlement que « ces lettres patentes lui soient communiquées
pour déduire ses moyens contre leur vérification ». De leur côté, effrayés
des conséquences que peut avoir pour eux la perpétuation d'un tel régime,
les compagnons imprimeurs de Lyon passent par-devant Pourcent, notaire,
procuration à ... [les noms manquent] « praticiens en la court de Parle-
ment de Paris... pour illec empescher et desbattre l'entérinement [des]
lettres obtenues de la part de Philippes Tinguy » et de ses confrères, et de
toutes autres lettres « que les dictz sus nommés et autres pourroient auoir
obtenuz touchant et concernant le faict et art de l'imprimerie ».
      Si, comme on le voit, Tinghi ne fut pas le seul libraire lyonnais qui
allât chercher à l'Etranger, « sous les couleurs de quelque peu de meilleur
marché », des imprimeurs pour ses livres, du moins porta-t-il cette fraude
« à la hauteur d'un procédé commercial ». N'eût été, croyait Alfred Cartier,
« la sévérité avec laquelle le Conseil de Genève accordait les autorisations
d'imprimer, elle eût été beaucoup plus fréquente, car les frais d'impression
étaient, à Genève, inférieurs de plus d'un tiers [à ceux de] Lyon, et si on
joint à ce bénéfice celui résultant de la mauvaise qualité du papier employé
par les imprimeurs genevois, ce trafic international ne laissait pas d'être fort
rémunérateur pour les libraires lyonnais ».
      Quel fut le sort de la réclamation du Consulat contre les lettres paten-
tes obtenues par Tinghi ? On n'en sait rien. En tout cas, ce dernier meurt au
mois de septembre de la même année, et aussitôt « tous les grands éditeurs
lyonnais s'empressent de suivre l'exemple qu'il leur avait donné naguère ;
ils créent à Montluel un atelier qui leur « facilite la fraude en imprimant les
titres et les feuillets liminaires [des livres] dont le corps et les tables étaient
imprimés à Genève ou dans les autres villes de l'Etranger. Les libraires
lyonnais organisent des dépôts en dehors de Lyon, où les volumes sont