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auteurs lyonnais ou de curieuses petites plaquettes, qui sont devenues
rarissimes, nous ont conservé le souvenir des réjouissances burlesques ima-
ginées par les « supposts du Seigneur de la Coquille », scènes populaires où
l'esprit le dispute à la bonne humeur. Les imprimeurs, jaloux de leurs
initiatives, supportaient mal le partage des facétieuses trouvailles ; déjà, en
1529, ils avaient fait, le I er mai, planter un mai devant l'hôtel du maréchal
de Trivulce, gouverneur de Lyon , en 1559, à l'occasion de la paix de
Cateau-Cambraisis, de grandes réjouissances furent données, où « le peuple
s'esmeut en grand liesse » ; le dimanche 16 avril se firent de grandes pro-
cessions où assista le gouverneur de Lyon, l'archevêque Antoine d'Albon :
« encore le ieudy ensuyuât, raconte Paradin, les Imprimeurs, qui ne veulent
céder à personne l'honeur des heureuses inuetiôs, erigerët en place Confort
vn grâd Colosse, représentât mars dieu de guerre, armé de toutes armes... ».
      Un peu plus tard ce furent les chevauchées de l'âne, sortes de cavalca-
des ou de mascarades dans lesquelles quelque mari battu tenait le premier
rôle. Au cortège de la chevauchée du 27 octobre 1566, faite à l'occasion
de l'Entrée à Lyon de la duchesse de Nemours, et qui « fut de l'invention
d'un nommé Jean Peiron, imprimeur, homme fort facétieux et l'un des
gardes du maistre des ports » (Recueil faict au vray de la chevauchée de
Fasne, 1566), les imprimeurs, grande et noble Dame Imprimerie, « figu-
raient avec distinction, représentés par le Seigneur de la Coquille, qui était
le capitaine des imprimeurs, et ses supposts, qui étaient le lieutenant et
un enseigne, tous montés sur des ânes et habillés de jaune, de rouge et de
vert ». Dans celle du 17 novembre 1578 (Recueil de la chevauchée faicte en la
ville de Lyon, 1578 ), « suyuoyent,après les saiges deVenize,les trois supposts
de l'Imprimerie» : Claude Bouilliand, Pierre Ferdelet et peut-être bien aussi
Guillaume Testefort, ou encore Jean Peiron, le « facétieux » Jean Peiron de
1566; ils sont «habillez de cazaques argentées et figurées auec coquilles
d'argent, portans chascun desdits supposts vne coquille pendue au col d'vne
livrée de taffetas blanc et bleu, lesquels estoyent fort bien montez, iouans
des dictons ».
      C'est que les imprimeurs étaient à cette époque l'une des corporations