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— 44 — et avec lui Gaspard Trechsel sont partis ; Messieurs de l'Hôtel Commun pensent que « ce seroit dommaige en ceste ville de perdre une si grosse et belle manifacture de l'imprimerie, qui a coûté beaucoup de l'y attraire et la retenir » ; le sieur Hugues de La Porte, imprimeur, qui est lui-même éche- vin, « promet de conférer avec les libraires et maistres imprimeurs », et ceux-ci, pressentis, consentent « à fournir la moictié des fraiz du procez si le Consulat veult fournir l'autre moictié ». Le Consulat « l'aiant accordé », il est convenu d'envoyer à Paris Maistre Pierre Gravier, fils du secrétaire de la ville, « aux gaiges accoustumés de 35 sols par jour » (Ibid., BB 59, f° 297). Il serait bien long de suivre les étapes de ce conflit. Une grève des com- pagnons de Paris en entrava le cours. Ce ne fut que deux ans plus tard, le 19 juillet 1542, qu'un « Reiglement de l'Imprimerie pour la Ville de Lyon » vint en précipiter l'issue : « Pour la réputation, bien, proffit et utilité de la dicte ville [de Lyon], ils [les échevins] ont esté fort curieux et n'ont rien espargné à faire venir et attraire en icelle depuis six vingt ans en là toutes sortes d'artisans et gens industrieux, et entre autres plusieurs maistres et compaignons imprimeurs de livres, pour y exercer l'art et traffic de l'imprimerie, qui pour lors se faisoit en Allemagne et à Venise, dont ils tirèrent lesditz maîtres et compai- gnons, que despuis ont tellement continué ledict art en icelle ville, qu'il n'y a aujourd'hui lieu en chrestienté où il se fasse de plus bel ouvraige... ». Mais cette réglementation ne fit qu'apaiser le conflit sans l'éteindre ; le roi, un peu effrayé des conséquences qu'aurait pu avoir la limitation des apprentis telle que l'exigeaient les compagnons, rejeta leur « incivile requê- te », et somme toute, donna raison aux patrons. Trente ans plus tard, à Lyon, la lutte reprendra plus vive encore. Vers ce milieu du xvie siècle, les dessinateurs lyonnais du Livre se sont multipliés ; les talents peu à peu s'assouplissent ; les jolies vignettes typographiques de la première moitié du siècle ne ressemblent plus du tout à celles des incunables, œuvres, souvent, des mêmes burins : les premières,