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et avec lui Gaspard Trechsel sont partis ; Messieurs de l'Hôtel Commun
pensent que « ce seroit dommaige en ceste ville de perdre une si grosse et
belle manifacture de l'imprimerie, qui a coûté beaucoup de l'y attraire et la
retenir » ; le sieur Hugues de La Porte, imprimeur, qui est lui-même éche-
vin, « promet de conférer avec les libraires et maistres imprimeurs », et
ceux-ci, pressentis, consentent « à fournir la moictié des fraiz du procez si le
Consulat veult fournir l'autre moictié ». Le Consulat « l'aiant accordé », il
est convenu d'envoyer à Paris Maistre Pierre Gravier, fils du secrétaire de la
ville, « aux gaiges accoustumés de 35 sols par jour » (Ibid., BB 59, f° 297).
     Il serait bien long de suivre les étapes de ce conflit. Une grève des com-
pagnons de Paris en entrava le cours. Ce ne fut que deux ans plus tard, le
19 juillet 1542, qu'un « Reiglement de l'Imprimerie pour la Ville de Lyon »
vint en précipiter l'issue :
      « Pour la réputation, bien, proffit et utilité de la dicte ville [de Lyon],
ils [les échevins] ont esté fort curieux et n'ont rien espargné à faire venir et
attraire en icelle depuis six vingt ans en là toutes sortes d'artisans et gens
industrieux, et entre autres plusieurs maistres et compaignons imprimeurs
de livres, pour y exercer l'art et traffic de l'imprimerie, qui pour lors se
faisoit en Allemagne et à Venise, dont ils tirèrent lesditz maîtres et compai-
gnons, que despuis ont tellement continué ledict art en icelle ville, qu'il n'y
a aujourd'hui lieu en chrestienté où il se fasse de plus bel ouvraige... ».
      Mais cette réglementation ne fit qu'apaiser le conflit sans l'éteindre ; le
roi, un peu effrayé des conséquences qu'aurait pu avoir la limitation des
apprentis telle que l'exigeaient les compagnons, rejeta leur « incivile requê-
te », et somme toute, donna raison aux patrons.
      Trente ans plus tard, à Lyon, la lutte reprendra plus vive encore.

     Vers ce milieu du xvie siècle, les dessinateurs lyonnais du Livre se
sont multipliés ; les talents peu à peu s'assouplissent ; les jolies vignettes
typographiques de la première moitié du siècle ne ressemblent plus du tout
à celles des incunables, œuvres, souvent, des mêmes burins : les premières,