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— 21 — C'est bien à des dessinateurs comme ceux-là que s'adressent ces mots de Renouvier : « Tout un art est enfoui dans les livres de la fin du XVe siècle ; il faut, pour l'honneur de l'Ecole française, le déterrer : c'est un art dans l'enfance..., mais il fut doué des qualités les plus favorables à la mission qu'il eut de seconder l'imprimerie dans son appel à la multitude ». Mais l'attribution certaine de toutes ces gravures est chose fort déli- cate ; de même qu'il est très difficile d'identifier les ateliers lyonnais au seul examen des fontes dont sont composés leurs livres, il est peut-être impru- dent de se fier, pour déterminer les gravures qui les illustrent, à des carac- tères fugaces et vraiment un peu menus : tout, dans ce domaine, n'est que supposition et hypothèse, erreur peut-être, et c'est plus grave! On n'est même pas sûr que Guillaume Balsarin, par exemple, ait été imprimeur, ni que Guillaume Rouillé ne l'ait pas été ; comment pourrait-on avoir plus de certitude pour l'attribution de quelques gravures anonymes, ou de livres dont le seul élément d'identification est la forme de leurs caractères ! Aussi bien, pour montrer jusqu'où conduit ce besoin sénile d'analyse et de pulvé- risation de la dialectique, voici ce qu'on lit dans la Bibliographie lyonnaise, série XII, p. 43, où est rapportée une argumentation de Claudin, à propos de Guillaume Balsarin et de son monogramme : « Si l'on juge que notre définition est trop subtile ou compliquée et qu'au lieu d'un b minuscule on y verrait plus distinctement un J ou un G, on pourrait, à la rigueur, inter- préter les initiales des prénoms Jean et Guillaume qui appartiennent res- pectivement à Neumeister et à Balsarin. A notre avis, les trois lettres du monogramme sont B, lettre principale ; G, lettre initiale du prénom de l'éditeur ; et J, lettre initiale du prénom du fils aîné de l'éditeur, dont la naissance remonte certainement à l'époque de l'établissement de son père, 1485 environ... ». Les livres, dans le principe, étaient illustrés par les mêmes procédés sommaires que les cartes à jouer, moyens grossiers de gravure et de coloria- ge qui dénoncent l'enfance d'un art. Mais bientôt cet art prit plus de sou- plesse, et après que, pour la première fois, Martin Husz eut illustré son