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rechercher dans les éditions de Jean de Tournes. Audacieusement révo-
lutionnaire, Louis Perrin — c'est de Perrin que je parle — s'attaque aux
vieux usages, aux vieilles méthodes, aux vieux caractères, ceux dont les
ateliers sont inondés depuis les Didot : je dis « vieux », non antiques, ce
n'est point même chose.
     Ah 1 ces innovations n'allèrent pas sans critique, elles ne furent point
du goût de tout le monde : briser ainsi, à Lyon surtout, avec les vieilles et
chères coutumes, les vieilles et chères routines qui créent tant de douce
quiétude, c'est chose grave : on ne manque pas de le lui dire ; les amateurs
eux-mêmes s'offusquent et trouvent bien impertinentes ses tentatives et ses
excentricités, ses caprices ; Scheuring, son fidèle éditeur Scheuring, son
ami, Scheuring lui-même n'en revient pas : comment oser rompre ainsi
avec « ce qui se fait » ? Mais il « en reviendra » bientôt, Scheuring ; il en
reviendra quand, avec les belles lettres augustales dessinées par son colla-
borateur, celui-ci imprimera pour lui Délie, Objet de plus haulte vertu, ou
la Vierge, type de l'Art chrétien, ou les Rymes de gentile Pernette du Guillet,
ou bien encore la Louise Labé de 1862.
      Dans l'esprit subtil et éclairé de Louis Perrin, l'art typographique a
deux aspects : l'aspect industriel, grâce auquel les imprimeurs malins réali-
sent célérité et économie ; l'aspect artistique, grâce auquel d'autres impri-
meurs — il les connaissait bien — se ruinent royalement en publiant des
chefs-d'œuvre. Là encore, il y a le « juste milieu », cet état d'opportunisme
satisfait grâce auquel les imprimeurs à la fois malins et artistes se contentent
d'être habiles et bouclent honorablement leur budget : je les envie. Perrin,
lui, ne voulut pas de ce compromis ; il eut tort, car il le pouvait.
     Est-ce une raison pour ne point regretter, comme il le faisait, les
altérations successives qui ont rendu méconnaissables les types admirables
du xvie siècle, si gracieux dans leurs contours, si élégants dans leur pose ?
Ce sont de pareils regrets qui poussèrent Perrin à « revenir hardiment aux
formes de la Renaissance et y conformer l'ornementation des pages », à
faire revivre un peu ce goût du xvie siècle, dont les chefs-d'œuvre lui