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     La Faculté, le Clergé qui publie beaucoup, cherchent en vain à enrayer
le mal ; ils se fâchent, menacent, demandent des correcteurs instruits, et
finissent, de guerre lasse, par ne plus confier leurs travaux qu'à certains
imprimeurs, gens de goût et soucieux de leur art, de jour en jour plus rares,
qui ont su se faire seconder par un personnel capable : on sait de qui je
parle.
      En 1848, la situation est bien mauvaise. Sous le titre « Décadence du
premier des Arts à Lyon » que, pour plus de clarté, sans doute, il fit précé-
det de cet intitulé Dyssergie lugdunoprototechnique, un de ces effroyables
protes-correcteurs du xixe siècle, bouffis de suffisance parce qu'ils avaient
 obtenu quelque baccalauréat et qui, après avoir écrit le mot credo expli-
 quaient bien vite « c'est-à-dire je crois », un prote du nom de Mazoyer
 consacra au mal qui minait alors l'imprimerie lyonnaise vingt pages de
 dures vérités. Si, au lieu de vingt pages, c'étaient vingt lignes, je les repro-
 duirais ici : c'est trop long. En tout cas, après avoir rendu hommage à un
 quarteron de protes lyonnais, très ignorés comme lui, mais qu'il appelle
 tout de même les « colonnes de la typographie lyonnaise », Mazoyer en
 appelle « à tous les corps savants de notre ville, tant hellénistes et latinistes
 qu'hébraïsants » ; il demande à tous ces illustres s'il n'est pas vrai que notre
 Presse ait été blâmée par les auteurs et les savants étrangers, dé ce qu'elle
 mettait au jour des éditions fautives qui font honte aux connaisseurs et
 dénotent clairement que ceux qui les corrigent sont inaptes dans l'état
 d'imprimeurs, ou insouciants et peu consciencieux.
      « Ils n'étaient pas si faciles nos anciens imprimeurs, s'écrie notre prote-
bachelier, lorsqu'ils voulaient admettre un sujet à une fonction qui requiert
un talent extraordinaire, une pratique consommée, beaucoup de sang-froid
et une santé imperturbable. Non contents de lui faire subir, comme l'Aca-
démie au bachelier, l'examen le plus rigoureux sur les langues mères, sur les
difficultés du chant-battu et figuré, principalement sur la philosophie et la
théologie, ils voulaient encore qu'il fût aussi bon compositeur qu'excellent
imprimeur ».