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LA DIPLOMATIE FRANÇAISE EN ORIENT. 291 mois au lieu de trois, mais peu à peu les appréhensions de l'ambassadeur se justifièrent. Soliman maître d'une armée considérable prête à entrer en campagne et certain que la chrétienté affaiblie par ses propres discordes ne pouvail en aucune façon le contrarier dans ses projets de conquête, mit à profil la maladresse du Baïle de Venise pour iviter de prendre aucun engagement, jusqu'à ce qu'une occasion for- tuite se présentât de rompre en visière. Elle ne se fit pas at- tendre et fut amenée par une demande de Charles-Quint d'être compris dans la trêve, demande que la France ne pou- vait refuser d'appuyer en sa qualité d'alliée. Admettre l'em- pereur au bénéfice d'une suspension d'armes laissait sans bu! et sans emploi les armements considérables faits eri vue d'jiostilités contre lui, arrêtait la marche du sultan sur la Hongrie, et paralysait la puissance oltomane qui n'avait d'éléments de conservation que dans le fanatisme et l'esprit belliqueux de ses peuples. En un moi, il s'agissait pour Soliman de l'abaissement ou de l'élévation de son trône. La dépêche suivante qu'il écrivait ne peut laisser aucun doule sur la manière dont il envisageait la question ainsi que sur les sentiments de répulsion qu'il professait à l'égard de Charles-Quint : « Sollan Solyman Sach, Empereur, au très- illustre et très-excellent grand prince, le supérieur des J é - suéens, plein de toutes vertus et le plus renommé de la gé- nération du Messie Jésus, pacificateur et médiateurde tous les actes et gestes de la nation des Nazaréens, clément et vail- lant seigneur de prudence et gravité, digne de tout honneur et emminence, Empereurdes domaines et royaume de France, et de toutes antiquités royales, le roy François, mon frère, par digne et juste raison, l'accroissement de toute félicité lui soit perpétué , reçeu que vous aurez mon scel impérial, il vous soit notoire que par lettres mandées à vostre ambassa- deur résidant icy, avez signifié que Charles, roy d'Espagne,