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i'2'2 RESTIF DE LA BRETONNE. tracent les phases successives sous mille allégories ingénieu- ses. Aujourd'hui, comme notre civilisation procède du chris- tianisme, comme le christianisme a sa plus complète expres- sion dans le catholicisme, c'est contre le catholicisme que se dirigent les efforts de l'antique séducteur du genre humain, et pour cela il emploie deux armes terribles, l'orgueil et la luxure. Aussi quand il surgit une théorie soit-disant nouvelle, pré- tendant organiser l'humanité en dehors des lois chrétiennes, cherchez bien, scrutez le sens véritable que l'on voile sous des parures appropriées au moment, et vous trouverez infaillible- ment ces deux passions, nobles selon le monde, péchés capi- taux selon l'Evangile, et vous trouverez la révolte des sens contre l'âme, et, pour cause de cette révolte insatiable, la dé- chéance de l'homme par le péché originel. Et ces deuxépées de combat, on ne les tint pas dans le fourreau à l'époque de Restif, et lui, homme sensuel, se servit de la seconde. Partout, dans ses livres , même lorsqu'il veut être sérieux , même lorsqu'il balbutie les mots de pudeur et d'honnêteté, car il a de bons moments et des instincts généreux, il ne peut rete- nir son langage décolleté. On dirait que sous le prétexte de combalre les vices de son époque il cherche à composer des tableaux erotiques plutôt que des remèdes applicables; d'ail- leurs, il est très-inégal et varie souvent dans ses appréciations. Tantôt il injurie la religion chrétienne et ses ministres, tan- tôt il lui donne une place honorable dans ses utopies; et puis lorsque les sanglantes conséquences des idées révolutionnaires vinrent couvrir la France de sang et de ruines, Restif, na- ture honnête au fond, bien que singulièrement dévoyée, s'in- digna des excès de ces enfants terribles auxquels ses romans avaient servi de catéchisme. Comme tant d'autres, il avait eu l'aveuglement de croire que, le christianisme détruit, rien ne serait plus facile que de gouverner les hommes, et qu'il