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170 LA CHANSON DU ROSSIGNOL. A toi, de mes accords et de mes élégies Les essaims enchantés! Tant que l'hiver imprime aux brumes refroidies Un orageux essor, Jamais ma voix habile aux pures mélodies N'épanche son trésor. Mais, dès qu'en souriant le frais printemps s'éveille Sur son lit de gazons, Au fond des bois émus s'anime la merveille De mes jeunes chansons. Des beaux jours renaissants je suis l'âme et la joie, Et mes hymnes d'amour Sont le plus doux salut qu'à Mai la terre envoie Pour fêter son retour. Comme un vol de ramiers planant sur la vallée Près du nid paternel, Se berce avec langueur ma symphonie ailée Dans les souffles du ciel. Tout est enchantement, mélodie et murmure Et soupir printanier, Et ma voix fait vibrer l'air, l'onde et la verdure Comme un divin clavier. Les poètes rêveurs, les blondes jeunes filles, Les beaux couples d'amants, Aiment à s'enivrer, le soir, sous les charmilles De mes roucoulements.