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                LE GOMGUILLON AU XIIIe SIÈCLE.                   409
  succès. Il paraît cependant que ses défenseurs souffrirent beau-
  coup et que des chanoines furent tués.
    Pour se venger de cette résistance, les bourgeois incendièrent
 une partie du quartier, ainsi que l'hôpital de St-Irénée, massa-
 crant impitoyablement les pauvres habitants, dont le seul crime
 était de relever du chapitre de St-Just.
    De son côté, la garnison du cloître ne restait pas inactive, elle
 envoyait des détachements qui dévastaient dans la campagne
 les propriétés des habitants de Lyon. Ceux-ci, par manière de
 représailles, allaient ravager les terres de l'église. Le 29 no-
 vembre 1270, ils se portèrent sur le village d'Ecully. La popu-
 lation effrayée, femmes, enfants et vieillards, se réfugièrent dans
 l'église, et le curé, pour implorer le secours divin, célébra la
 messe. Les bourgeois, sans respect pour cet asile sacré, amassè-
 rent à l'entour des matières combustibles, et firent périr dans
 les flammes le pasteur et son malheureux troupeau. Non con-
 tents de cela, ils pillèrent les maisons abandonnées et revinrent
 chargés de butin. Après cet abominable exploit, ils se ruèrent
 sur les villages de Couzon et de Genay qui furent incendiés.
    Le désordre et la désolation qui le suit étaient à leur comble ;
les idées chrétiennes semblaient éteintes , non seulement dans
 ce qu'elles ont de miséricordieux, mais dans le respect dû au
pouvoir spirituel de l'Eglise. Le synode assemblé à Belleville
lançait inutilement un interdit sur la ville de Lyon ; la guerre
continuait, et les bourgeois ne semblaient pas beaucoup se
soucier des foudres du concile. Il faut avouer que de la part
des prélats qui le composaient il y avait grande partialité en
faveur du chapitre de St-Jean ; mais il n'en est pas moins vrai
que le fait peut paraître extraordinaire dans cette ère du moyen-
âge, qu'on nous représente comme douée d'une foi excessive-
ment vive. Je ne pense pas que les croyances fussent éteintes,
mais les passions étaient encore plus puissantes, et ce sont elles
qui dominent dans les mouvements populaires. Si nous nous
reportons aux événements contemporains , nous verrons com-
bien la passion nous a fait commettre de fautes, non seulement
contre les doctrines que nous prêchons journellement, mais