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404 LE G0URGU1LL0N AU X1I1» SIÈCLE. droits au pouvoir temporel, et ses sujets furent déliés de leur serment de fidélité. Si l'on se reporte au moyen âge ; on com- prendra l'émotion delà population, et combien les masses, sous l'impression de cet événement, durent se porter sur le passage du pape et de son cortège. Innocent IV fit un séjour de six ans dans le cloître de St- Just. Cette côte du Gourguillon, aujourd'hui d'un aspect si mi- sérable, reçut probablement de la cour papale une animation extraordinaire. Par suite des querelles entre les bourgeois et les chanoines, le chef de la chrétienté, pris souvent pour arbitre, avait acquis une influence presque souveraine. St-Just était le centre où aboutissaient toutes tes affaires- Les partisans des idées nouvelles et les amis du Chapitre devaient souvent gravir notre montée, au sommet de laquelle on voyait une très-ancienne croix, vulgairement appelée Croix décolle. Ce nom provenait, dit-on, de crux decollatorum, croix des décollés, parce qu'elle avait été élevée sur le lieu où Septime Sévère avait fait déca- piter un grand nombre de chrétiens. Le P. Menestrier n'adopte pas cette étymologie ; suivant lui, aucun document historique ne confirme cette tradition ; il pense que de crux collis, croix de la colline, on aura fait croix de colle. Cependant, postérieurement au P. Menestrier, la première opinion était encore reçue, car elle est émise par Nivon, chanoine de St-lrénée, dans le Voyage du St-Calvaire, Lyon, 1731. On dit que le pape penchait en faveur des bourgeois, quoique, dans sa jeunesse , il eût été membre du Chapitre de St-Jean : • nous serions peut-être en peine d'en imaginer la cause, si < Matthieu Paris ne l'avoit remarquée en ses annales de l'année 1245, où il dit que la pape ayant voulu donner à quelques étrangers, ses parents, des prébandes de l'église de Lyon, indé- pendamment du Chapitre, nos chanoines lui résistèrent en face, et lui firent dire que si ces prétendants à leurs prébendes parois- soient dans Lyon, ils les feroient jeter dans le Rhône ». Hist. consul. Menestrier, p. 303. Les bourgeois se révoltaient contre. l'autorité excessive des chanoines, et ceux-ci semblaient leur donner raison en refusant