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206                        LA VILLE DE PAU.

dont les bras armés de poignards et ramenés violemment
sur son sein, perçaient de mille coups le malheureux qu'on
lui livrait. On ajoute que Marguerite de Navarre, indignée
de celte cruauté, obtint de son époux la destruction de
la Fierge-de-f'er, dont le souvenir vit encore comme un
èpouvantail dans la mémoire des habitants.
   Dans une des salles basses de ce château, se passait, en
1569, une de ces horribles scènes, trop communes dans
nos guerres de religion, et qu'il faudrait, pour l'hon-
neur de notre nation, pouvoir effacer de l'histoire. Le Béarn
était alors, plus qu'aucune province, déchiré par la guerre
civile. Le célèbre Gabriel de Lorge, comte de Montgoméry,
le même qui avait eu le malheur de tuer involontairement
Henri II dans un tournoi, commandait l'armée protestante.
11 venait de faire prisonniers, au château d'Orthez, dix sei-
gneurs catholiques, outre le brave Terride, leur chef, en vertu
d'une capitulation qui leur assurait la vie sauve. Il les amena
au château de Pau, où il leur fit servir un repas, à la suite
duquel ils furent tous égorgés de sang-froid, à l'exception de
Terride, que Montgoméry réserva pour l'échanger contre
son frère, prisonnier des Catholiques (1). Cet acte alrocu
ne pouvait avoir pour excuse la Saint -Barlhélemy, à la-
quelle il fut antérieur de trois ans, mais il sembla destiné
à inaugurer celte date si tristement célèbre dans nos
annales, puisqu'il eut lieu également le jour néfaste de
saint Barthélémy. S'il faut en croire Bayle (2), Montgoméry,
en égorgeant ses prisonniers, n'aurait fait qu'obéir à Jeanne
d'Albret, qui n'avait pas voulu reconnaître la capitulation.
Mais alors la loyauté exigeait quïl les réintégrât dans le
château d'Orthez. On regrette de voir \m fait aussi odieux
peser sur la mémoire de la mère d'Henri IV.
  (1) De Thon, lib. 4S. La Popeliniére, Histoire des troubles,Viv, VÃTI-
  (2) Article Jeanne- tVAlbrel, reine tic Navarre