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                     258                    HYMNE A LA NUIT.

                           Les fleuves ont gémi ; les brises, de leurs urnes,
                           Ont versé les parfums ; les fleurs ont palpité ,
                           Et, saisis de respect, dans leurs nids taciturnes,
                           Une dernière fois, les oiseaux ont chanté.

                           Puis, par degré, ces voix d'amour ont fait silence ;
                           Le calme universel sur la terre est tombé ;
                           Tout s'est tu dans les champs, et, dans le ciel immense,
                           Sur son trône d'argent, s'est assise Phcebé.


                           Déesse des songeurs, ô Nuit tiède et sereine,
                           Pâle sœur du Soleil, mère des longs repos,
                           Sur ton char emporté par les Heures d'ébène,
                           Tu sèmes en courant tes bienfaisants pavots.


                           Le laboureur lassé t'adore en sa chaumière,
                           Auprès de ses grands bœufs, artisans des sillons ;
                           L'ouvrier te bénit, en fermant la paupière,
                           Et le pauvre oublieux s'endort dans ses haillons.


                           En tous lieux tu répands la force avec la joie ;
                           Du riche les plaisirs, par toi, sont immortels,
                           Et les amants rêveurs, sur leurs couches de soie,
                           Comme à la Volupté, t'ont dressé des autels.


                           Pour moi seul, Nuit cruelle, ô Nuit impitoyable !
                           Tu n'as pas de repos, tu n'as pas de sommeils.
                           La douleur me poursuit, la tristesse m'accable,
                           Soit que meurent les soirs ou naissent les soleils.