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«*\ 326 BIBLIOGRAPHIE. fréquent de nos jours, si bien nommé déjà par saint Chrysos- tôme, le néant de l'âme , &ôv/xidi. Le premier est le suicide de passion, le second le suicide réfléchi de Werther et d'Hamlet. Les Grecs n'ont mis en scène que le premier, et ne pouvaient com- prendre que celui-là seul. Leur suicide n'était que le dénouement d'une passion égarée. Si la belle Sapho se précipitait du rocher de Leucade, c'est que Phaou la délaissait ; si Ditlon se brûlait sur la grève de Carthage, c'est qu'elle voyait fuir à l'horizon le vaisseau qui emportait Énée. Le suicide du stoïcisme dontCaton est le héros, ne fut même jamais populaire dans l'antiquité , et la Grèce à coup sûr ne lui eût pas donné des larmes. Au théâtre, la passion seule peut être dramatique. Regardez mourir les héros grecs dans la tragédie (la mort ré- sume .la vie; elle révèle l'âme tout entière). Ils ne croient pas nécessaire à leur dignité de se draper en tombant dans l'orgueil- leux manteau du raisonneur philosophe, et de finir comme beaucoup de héros modernes avec force bruit et surtout force sentences. Leur Iphigénie dit adieu en pleurant à la lumière si douce à voir, et ne regrette point comme celle de Racine les hon- heurs qu'elle n'aura pas. Si Polyxène étouffe ses larmes et sem- ble montrer plus de résignation devant la mort, c'est qu'elle n'a plus son père et surtout qu'elle n'a plus sa patrie. Sa patrie ! nous comprenons peu aujourd'hui, nous tous chrétiens ou sceptiques, cette liaison de la vie au sol natal : comme chrétiens, nous met- tons le devoir au-dessus d'elle ; comme sceptiques, nous disons volontiers ubi bene, ibi patria, où nous sommes bien, là est la patrie. C'était le contraire chez les Grecs ; les hordes asiatiques pouvaient bien piétiner leurs champs, comme plus tard les fa- rouches enfants de Mahomet ; Rome pouvait bien leur envoyer l'esclavage par les mains de ses proconsuls , la Grèce était tou- jours la Grèce, la patrie était leur seule religion : ubi patria, ibi bene ! Ils l'aimaient comme une mère ; ils ne demandaient, comme Diogène , qu'à jouir de son beau soleil ; cherchant dans les harmonieuses lignes de son horizon, dans les grandes et poé- tiques scènes de sa nature les seules émotions de leur vie ; comme ces jeunes Albanaises d'aujourd'hui, dont les seules fêtes