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514 MKYUKBKKH ET ÃŽ.'KTOILIÃŽ DU .NOK1Ã. Fnlantii: s'e^s;i;> ail à devcuii' Dieu, en pleine Cour d'assises. L'apoealjps.- astronomique de Fourier. la Pulingénésie sociale du vénérable Ballaurhc étaient lues, méditées et., comprises. Le monde fut témoin d'une inonda- lion lyrique sans exemple; il pleuvait des sonnets etd.es religions, des constitutions et des romans. M. Sainte-Beuve qui fait, à l'heure qu'il est, lous les lundis, des prônes littéraires dans le Moniteur, rêvait autre chose que les soporifiques lauriers de La Harpe, il aspirait à renouveler la poétique du siècle, et, dans ses vers, Victor Hugo s'appelait le grand Victor tout court. Celait le temps des longs cheveux, des grandes barbes, des femmes incom prises. Personne qui ne voulut mettre un coin de roman dans sa vie. On jetait le défi à la destinée; à vingt ans, l'écolier souhaitait d'être foudroyé par quelque grande passion, fût-ce au prix de la mort. En ce temps-là , on vit te chevalier Desgrieux lire à Manon Lescaut étonnée qui ouvrait de grands yeux les Méditations et les Harmonies de Lamartine. Werther fut dépassé ; le Pot au Feu de Charlotte fut renversé avec dédain par Lélia. fin ce temps-là encore, M.de Musset, l'auteur de Rolla et de Namouna n'étail pas devenu une contrefaçon de M. Dupaty ou de M. Campenon. Lamartine. l'Orphée de ce temps, partait, comme un roi, pour l'Orient sur un navire qu'il avait frété à ses frais ; et ce même Lamartine, vieilli et découronné, de cette main qui toucha la lyre où vibrait le nom d'Elvire, tourne aujour d'hui la meule du feuilleton dans les bureaux du Constitutionnel, que rail lait Antony le bâtard. Les acteurs eux-mêmes portaient au front un éclair d'idéal et d'enthousiasme hélas! éteint. Ils s'appelaient : Nourrit, Falcon. Dorval, .Taglioni, Frederick Lemaitre. L'inerte piano devenait un trépied sous la main de Litz ; et devant la rampe en feu , les cheveux en désordre, passait et repassait comme une évocation de Rembrandt, la silhouette de Paganini tenant sous son bras un magique violon rapporté du Brocken. Le siècle se trouva monté comme naturellement au diapason de cette mil sique; il se reconnut de suite dans l'etrangeté brûlante, dans la violence pas sionnée et jusque clans l'ambition de cette langue nouvelle que parlait le mai - tre. Cette musique avait de l'imprévu, de l'incommensurable, pour ainsi dire; elle fascinait par sa force , son obscurité même : on s'y plongeait avec délices comme dans un gouffre harmonieux. Il me souvient, à ce sujet, et M. Scribe, dut en rire, que nous fîmes cette découverte qu'Alice et Bertram étaient un mythe représentant le bon et le mauvais principe. Il se trouvait que Meyerbecr avait mis en musique l'éternelle dualité, comme on disait alors. Seulement il est arrivé ceci : le grand mouvement littéraire de 1830, si hardi et si profond, est resté désordonné dans ses éléments, tumultueux. convulsif et jusqu'à un certain point stérile ! I! n'a jamais pu acquérir dans son ensemble, cette régularité classique, cette fixité sans laquelle il n'y a rien