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300            LA DIPLOMATIE FRANÇAISE EN ORIENT.

la troisième nuit, on gagnerait le territoire de Plaisance,
compris dans le patrimoine de l'Eglise. Rincon s'était rendu
à ce projet, mais le bouillant Frégose l'en détourna et le
fit revenir à sa première et fatale détermination de prendre
la voie fluviale. Deux barques, dont l'une portait les ambas-
sadeurs et l'autre la plus grande partie de leurs gens , sous
les ordres de Boniface de Saint-Nazaire (1), les emportaient
le lendemain sur le Pô. Cependant, confirmé dans ses appré-
hensions par de nouveaux rapports qui lui arrivent de toutes
parts, Langey tente un dernier effort et fait courir après eux
pour les supplier de retourner sur leurs pas. Ils n'écoutent
rien et ne consentent qu'à grand peine à se désaisir au
moins de leurs dépêches, que Langey se charge de faire
passer à Venise par le jeune lieutenant de la compagnie
de Frégose, Petregent de Sèze, neveu du comle Camille
de Sèze qui se trouvait à bord. Le 3 , à midi, à peine
arrivait-on devant la plage de Canlalone, située à trois milles
au-dessus de l'embouchure du Tessin , que deux barques
armées se présenlenl à l'improvisle. Rincon et Frégose mettent
l'épée à la main et se défendent en désespérés, mais leurs
efforts sont vains contre le nombre , et ils succombent percés
de mille coups (2). Le comte Camille de Sèze blessé et presque
noyé fut emmené au château de Pavie, et delà à Milan ; quant
à Boniface de Saint-Nazaire , il n'eut d'autre ressource que
de se jeter à la rive avec le peu de monde qui lui restait et
de gagner un bois voisin pour échapper au massacre.
   Neuf jours après, la nouvelle était apportée à Venise par

   (1) Boniface de Saint-Nazaire était officiel- au corps de Ludovic de Bi-
rague.
   (2) L'année suivante, le Sénat, s'étant brouillé avec la France, bannit de
Venise la signora Costanza, veuve de l'infortuné Frégose , ainsi que ses
enfants , dont tous les biens furent confisqués. Cette infortunée chercha un
refuge en France , où le roi s'empressa de lui accorder une pension.