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                         BIBLIOGRAPHIE.                         493
disaient-ils ; il y règne un grand fond d'honnêteté, un sentiment
chrétien qu'on ne saurait trop louer, quirévèje une âme conscien-
cieuse et droite ; » et, en même temps, ils lui reprochaient mille
défauts, et des plus graves. On aurait dit que de la main gauche
ils levaient leur chapeau au pauvre auteur en le flagellant de la
main droite. Bref, les critiques de détail détruisaient de fond
en comhle l'éloge de l'ensemble; et ce bon livre devenait un très-
mauvais livre. Ces duretés nous inspiraient des scrupules. Quoi
donc ! nous étions-nous si fort trompé l'année dernière ! Nous
avons voulu sortir de ce doute; nous avons relu le livre avec un
soin méticuleux ; nous avons relu aussi les critiques avec la dé-
férence que méritent les noms dont elles sont signées ; nous
nous sommes interrogé jivec calme, et qu'est-il résulté de cet
examen? Les accusations nous ont paru encore plus injustes;
et M. Olivier plus digne d'une estime sincère.
   Il y a plusieurs manières de comprendre la critique littéraire.
On nous dit qu'à Paris, où tout se perfectionne , certains jour-
naux sont devenus comme des maquis où le critique est embus-
qué, l'escopette au poing, rançonnant quiconque passe à sa por-
tée, en faisant feu sur qui ne s'exécute pas de bonne grâce. En
province, grâce à Dieu , nous n'en sommes point encore à ces
raffinements de civilisation. Mais, pour être désintéressée, la cri-
tique n'est pas toujours bienveillante. Il y a des esprits moroses
qui voient tout en noir, des tempéraments bilieux qui éprouvent
le besoin de déverser sur n'importe qui l'amertume secrète qui
les fatigue. Pour ces gens-là le feuilleton est un prétoire où ils
font comparaître à leur barre l'auteur dont ils daignent s'occu-
per; la critique est un réquisitoire qu'ils fulminent sur sa tête.
Ils savent, avec un art digne de Laubardemont, transformer
en forfaits ses inadvertances ; ils fouillent son passé , incrimi-
nent son présent, lui prophétisent un avenir lugubre. Heureux
encore quand ils ne présentent pas son cas comme pendable, et
qu'ils se contentent, pour cette fois , de ce rude avertissement.
   Nous avons vu pourtant pratiquer parfois, et, osons le dire,
nous avons pratiqué nous-môme une autre sorte de critique
littéraire. Pour nous, l'auteur qui frappe à notre porte, son livre