page suivante »
508 UN MARTYR AU XVIIe SIÈCLE. supplice, de ne l'importuner plus, mais luy octroyer un peu de repos pour recolliger son esprit et se préparer au martyre, ce que luy refusant le premier Ministre, par la continuation de son babil inutile, il luy dit : Laissez-tnoi, Ministre, allez coëjfer vostre femme. Il voulut à l'instant faire une exhortation au peuple , qu'il commença au nom du Père, et du Fils, et du St-Esprit, encoura- geant les Catholiques présents à son exemple, d'endurer plus tôt la mort que de quitter la saincte Foy Catholique, Apostolique, Ro- maine, hors laquelle il n'y a point de salut. Un des Ministres l'in- terrompit, luy donnant du poing sous le menton et le démentant à haute voix,et le Baillif lui imposa silence, commandant au bour- re au de haster l'exécution, qui dit à l'instant au Martyr de sortir la langue, ce qu'il ût promptement, laquelle lui estant percée, il continua d'invoquer Dieu et sa saincte Mère à son aide , criant à haute voix : Vive la saincte Foy Catholique ! vive la saincte Messe ! parmi lesquelles parolles le coutelas du bourreau fit sau- ter la teste assez loin, entre les jambes du Lieutenant de la Jus- tice de Veuay, qui auoit le premier prononcé sentence de mort contre ce constant Martyr. Son corps a esté honorablement en- seuely par de pieux Catholiques, et le bruit commun est que d'iceluy, et de son sang, qui fut ramassé déuotement de plu- sieurs, sortit une tres-suave odeur. Nous approuuons et permettons l'impresse et débite du pré- sent Récit, comme trouvé par Nous conforme à ce que nous en avons appris par diuerses personnes dignes de foy. Annessy, le 8 Décembre 1643. CHARLES AUGUSTE DE SALES, E.D'EBBRON, Coadjuteur de Genève. ANNECI, PAR ANDRÉ LEYAT, Premier Imprimeur, et aduoué de la ville, demeurant en rue de Bœuf. Voilà une de mes découvertes, mon cher directeur ; j'en aurai d'autres pour les prochains numéros de la Revue. Elles sont » votre disposition ; puissent-elles intéresser vos lecteurs. Agréez, etc. G. BELUN, Fonlanières, ce 15 décembre 1854.