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316 LITTÉRATURE. Le signal est donné : couverts par les ténèbres, Ils sortent tout-à -coup de leurs réduits funèbres, Inondent la cité, remplissent les faubourgs, Embrasent les maisons, les palais et les tours, Font circuler le feu de la base à la cime ; Et l'Enfer applaudit à ce forfait sublime. Environnés de flammes, les Français déploient autant de courage qu'ils ont l'habitude de le faire sur les champs de bataille, et ils trouvent même, au milieu de leurs propres périls, l'occasion de servir héroïquement la cause de l'hu- manité. C'est ainsi qu'ils arrachent à une mort affreuse les enfants abandonnés dont les Russes eux-mêmes venaient d'incendier l'asile. C'est Napoléon en personne qui dirige ses soldats dans cette noble action. Voici les vers pleins de sen- timent que notre poëte écrit à ce sujet : Le héros a parlé: les soldats, de la main, Indiquent aux enfants le généreux chemin; Guidés par ces guerriers, ils courent, ils s'élancent, Evitent en fuyant les flammes qui s'avancent, Ils sont enfin sauvés ! Sauvés par nous, enfants, Trahis par vos soldats, trahis par vos parents, Vous devez le salut aux conquérants du monde. Admirez des Français la clémence féconde ! Oh! qu'ils sont glorieux pour nous, pour nos guerriers, Ces petits cris poussés par ces petits gosiers ! Vivez, pauvres enfants, pour des jours plus prospères, Vivez pour honorer ce grand peuple de frères Qui combat l'ennemi, mais sauve l'innocent; Vivez pour célébrer son empereur puissant ! Ce touchant épisode n'est pas, au reste, le seul de l'ouvrage; l'auteur semble au contraire avoir pris plaisir a en jeter plu- sieurs parmi des récits de batailles, d'incendies, ou d'autres