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290 LA DIPLOMATIE FRANÇAISE EN ORIENT. Barberousse à cet égard, ressentiment qui le portait jusqu'à accuser les Français de mauvaise foi et à menacer de se payer par ses mains. Un nouvel incident allait augmenter les péripéties de la situation. En butte aux continuelles attaques des Turcs qui l'avaient déjà dépouillé de ses possessions en Morée et dans l'Archipel et lui portaient le coup le plus sensible par la perte de son commerce avec le Levant,la république de St-Marc, pour laquelle une paix achetée au poids de l'or était préférable à une guerre désastreuse , prit le parti d'invoquer les bons offices de François I er . Entrevoyant dans celte circonstance „ une chance d'amener Venise à lui témoigner plus tard sa gratitude par une loyale réciprocité, le roi se hâta d'envoyer auprès du doge le napolitain César Cantelmo pour s'entendre sur les propositions qu'il y aurait lieu de faire au Divan. De vives protestations d'amitié accueillirent l'envoyé de France et le gouvernement de St-Marc lui fit l'honneur d'une récep- tion officielle. On était trop pressé d'arriver au résultat pour perdre du temps en discussions oiseuses, et, après quelques conférences, Cantelmo recevait plein pouvoir de traiter sur des bases acceptables. Avant tout, une trêve de trois mois devait être consentie, de part et d'autre, comme préliminaire des négociations. Cantelmo se rembarqua le 18 avril 1539 ; arrivé à Cons- tantinople, sa première démarche fut de transmettre les or- dres du roi a Rincon qui, lenu au courant des vues du sultan sur Venise, resta attéré d'un changements! subit dans la poli- tique de son maître. Toutefois, le temps manquait pour e n - voyer des représentations à la cour , et force était de presser la négociation en se conformant aux récentes instructions. On entra de suite en pourparlers. Tout sembla d'abord réus- sir à souhait, car aucune objection ne se produisit de la part du sultan au sujet de la trêve qui fut même accordée pour six