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                     CORRESPONDANCE.


          A iMONSlEUR JOSEPH BARD, DE LA COTE D'OR.

                                           Paris, le 16 octobre 1854.


               MONSIEUR ,


   Je viens de lire la première partie de votre Itinéraire du chemin de fer
de Lyon à Chalon. Permettez-moi de vous soumettre quelques observa-
tions à ce sujet. Naguère je reprochais à un écrivain lyonnais de ne nous
avoir pas donné le nom latin des localités qu'il décrivait. Je crains bien
d'avoir à vous adresser un reproche contraire. Suivant vous , Collonges
vient de collis lonya ; Villevert, de villa veridis ; Trévoux , de très valles ;
Saint-Georges-de-Rencins, de S. Georgius ib arenis ; Romanèche, de Roma-
niscœ villa ; Crèche , de Cropium ; Vinzelles, de vint celles , etc. Ne pren-
driez-vous pas vos théories pour des faits ? Où donc avez-vous vu ces noms
latins ? Bien loin de faire avancer les éludes historiques, l'abus de la
science les retarde. Pour Dieu, messieurs les étymologistes , laissez un
peu dormir les Grecs et les Latins. La plupart des noms de lieux en France
datent d'avant la conquête, comme le prouve la forme qu'ils affectent dans
les plus anciens documents. S'il était possible d'en dresser une liste com-
plète à l'aide des chartes, on verrait, j'en suis convaincu, qu'ils n'ont rien
de romain. Peut-être même nous feraient-ils retrouver cette langue gau-
loise ou celtique, qu'on cherche en vain depuis si longtemps. En effet, la
plupart de ces noms anciens ont un sens, comme l'indique leur emploi ré-
pété pour désigner des localités différentes , mais situées dans des posi-
tions analogues. C'est ainsi qu'on a constaté depuis longtemps que tous
les Confions, si nombreux en France,, se trouvaient au confluent de deux ri-
vières. Mais comment arriverons-nous à connaître la vérité si, au lieu de
dire simplement que le nom de Trévoux s'écrivait Trevos au X e siècle ,
vous prétendez qu'il faut l'écrire Très valles, ce que vous n'avez vu certai-
nement nulle part. Saint-Georgcs-de-Reneins, que vous faites venir de Sanc-
tus Georgius ub arenis, s'appelait tout simplement Ronincum au X° siècle,
c'est-à-dire dans les plus anciens documents où il soit question de cette
localité. Ce mot n'a , il me semble , aucun rapport avec Arène. J'en dirai
autant de Vinzelles , que vous faites venir, je ne sais pourquoi , de Vini
neUÅ“, nie., elc. Si vous n'avez pas la preuve de ce fait, pourquoi l'avan-