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»•«.•»!•.' 220 KESTIF DE LA BRETONNE. Je crois que MM. Tisseur et Monselel n'ont pas lu tout Reslif el cela se conçoit, Restif est illisible dans son entier. Je crois qu'ils n'oni même pas connu la lisle complète de ses ouvrages el diverses circonstances qui accompagnèrent leurs publica- lions. Je suis à même de combler certaines lacunes ; Restif de la Bretonne était fort lié avec un de nos compatriotes, feu M. Arthaud de Bellevue, esprit original el amateur de toutes les excentricités littéraires ; il le cite souvent dans ses ouvrages ainsi qu'un autre lyonnais célèbre, M. Mathon de la Cour. A ces titres, il peut figurer dans une galerie des souvenirs de notre ville; or, M. de Bellevue, ami el allié de mes oncles, leur fit acheter la collection complète des ouvrages de son protégé, et donna sur lui des indications qui furent trans- crites au verso des faux titres. Je reviens à ce que je disais plus haut: on aurait dû laisser cet auteur dans son oubli. Aucun de ses livres n'est accepta- ble, pareeque lorsqu'ils ne sont pas obscènes, ils sont extra- vagants ou ennuyeux ou inintelligibles; el pourtant, lors- qu'autour de nous on faisait si grand bruit des réputations nouvelles, acquises par des romans plus impies et plus immo- raux encore, par des théories sociales tout aussi dénuées de sens commun, tout aussi dangereuses, il était utile de rap- peler qu'un demi siècle avant ces motlernes Reslif, le vrai Restif avec autant de renom et plus de talent avail succombé sous l'épreuve de cinquante années. Pauvre Reslif! c'était bien la peine d'invenler de si belles choses, de réglementer les filles de mauvaise vie, d'animer les astres, de perfection- ner la nature, pour se voir supplanter par les phalanstériens, sans avoir obtenu d'eux une phrase de reconnaissance ! Il est vrai que lui-même n'était que l'écho d'autres hallucinés dont on pourrait suivre la trace par une généalogie d'hérésiarques, de rêveurs, d'utopistes, de libres penseurs jusqu'au commen- cement des sociétés.