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REST1F DE LA BRETONNE. 221 Car les hommes de l'erreur ont leurs généalogies aussi bien que les hommes de la vérilé. Généalogies fort longues aussi, mais bien différentes ! Tandisque la vérilé catholique remonte sans interruptions, sans obscurités jusqu'à la naissance du premier homme, en jalonnant ses degrés de noms illustres, de noms synonymes de vertu et de science, en étendant ses ra- meaux partout où régnent le beau, le bon, l'ordre el la jus- tice, l'erreur, sous quelque appellation qu'on la déguise, hé- résie, schisme, panthéisme ou incrédulité, remonte le cours des âges par une voie lordieuse , souvent interrompue par d'obscures périodes, recrutant çà el la des héros douteux, avouant une parenté avec des aggrégalions ou des doctrines dont l'humanité rougit. Ce fut un grand argument contre le protestantisme, que cette filiation qu'il réclamait imprudemment dans ses pre- mières controverses et qu'aujourd'hui il doit renier. Lorsque l'on dit au premier luthérien: vous êtes d'hier el nous sommes anciens, nous sommes avec l'église du Christ et si l'église s'est trompée jusqu'à ce jour, tout s'écroule , votre doctrine aussi bien que l'église de Rome; si le Christ n'est pas un faux pro- phète, c'est nous qui prêchons la vérité, car nous avons pour nous la possession et la tradition ; il fallait pour répondre in- venter une autre église coexistante avec l'église catholique et présentant une suite non interrompue dans ses ministres et la transmission de leurs pouvoirs ; à grand peine on se forgea des ancêtres, avec lesVaudois, les Albigeois et les Manichéens, et Bossuet n'eut garde de négliger ce puissant moyen d'atta- que dans son Histoire des Variations. Ce que les protestants firent alors sans en calculer les con- séquences désastreuses pour eux-mêmes, les ennemis du christianisme et de toute société régulière l'ont fait de tout temps. Cette guerre est ancienne, elle commence à la Genèse entre le serpent el la femme ; les mythes des poêles en re-