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26           LA DIPLOMATIE FRANÇAISE KN ORIENT.

 coupable d'avoir fait échouer toutes les entreprises de la chré-
 tienté , se déclara ouvertement son adversaire et suscita contre
 elle une coalition générale. Il est vrai qu'avant de se ma-
 nifester d'une façon tout à fait agressive, la colère de Louis
 avait été devancée par Bajazet II, qui, fort peu scrupuleux
 en matière de droit des gens, et rencontrant des possessions
 vénitiennes dans sa marche envahissante, se les était appro-
 priées et mettait à de rudes épreuves celle reine de l'Adria-
 tique, dont la félonie avait toujours été l'arme la plus usuelle
et la plus terrible. Au ban du monde civilisé, sans alliances,
sans sympathies, Venise allait succomber sans la révolution
qui, fort heureusement pour elle , renversa Bajazet du trône
en 1512.
    Bien différents des caboteurs vénitiens comprimés sous le
joug d'une aristocratie lâche et jalouse, les Marseillais, en-
couragés par les rois paternels qui avaient travaillé depuis
saint Louis à l'affranchissement des communes, déployaient
leur génie commercial sans autre crainte que celle qu'inspirait
le peu de sécurité des mers. C'était pour Louis XII l'indication
de ce qu'il avait à faire. Il rend une ordonnance par laquelle
les marchandises de l'Orient ne jouiront désormais de l'entrée
libre dans les ports du royaume, qu'à la condition d'être im-
portées par navires nationaux. Cette sage mesure, tout inso-
lite qu'elle puisse paraître aujourd'hui, donna un développe-
ment immense et instantané à nos chantiers de construction ,
et ne tarda pas à faire couvrir de nos navires tout le bassin de
la Méditerranée. L'enthousiasme qu'elle inspira parmi les
commerçants français était si vrai et si unanime, qu'on les
vit, chacun dans la sphère de ses moyens, prendre à cœur
de seconder les vues de la couronne , quelque fois même au
préjudice de leurs intérêts du moment. Ainsi, Laurencin ,
l'un des plus riches industriels de Lyon , chargé par les che-
valiers de Rhodes d'une fourniture considérable d'artillerie,