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LA DIPLOMATIE FRANÇAISE EN ORIENT. 27 n'accepte la commande qu'à la condition, sine qua non, que toutes les pièces sorties de ses ateliers seront transportées â Rhodes sur des navires français. Malgré la facilité qu'auraient eue les chevaliers d'opérer sans frais ce transport au moyen des galères de la religion , il leur fallut déférer à la volonté très-énergiquement exprimée du marchand patriote. L'établissement de consulats à Tripoli de Syrie, à Beyrouth etâ Chypre , se présentait comme une conséquence forcée de l'extension du commerce maritime (1). Rien ne fut négligé pour laisser aux personnages attachés à ces postes une extrê- me latitude dans la gestion des intérêts de leurs nationaux , et élargir, aux yeux des Turcs, le prestige de leur position. Pour mieux se concilier le respect des Orientaux , qu'il faut éblouir par l'éclat d'un appareil imposant, les représentants de notre commerce étaient tenus de donner à tontes leurs ac- tions un caractère de grandeur et de majesté. Le cérémonial était réglé d'avance. Jamais on ne les voyait sortir, à l'occa- sion de leurs fondions et de leurs visites officielles aux auto- rités locales, qu'accompagnés d'une garde d'honneur et à l'ombre d'un parasol, attribut de la souveraineté, porté avec autant de pompe que s'il se fût agi d'une solennité reli- gieuse. Mieux que n'auraient pu le faire des batailles , une inspi- ration émanée du trône avait fait pâlir la puissance de Venise et nous tenait au moins sur le pied d'égalité avec elle dans les contrées qu'un auteur anglais a surnommées le Pactole du monde. Telle était notre situation lorsque François I er , âgé de 20 ans, monta sur le trône en 1515. Une conférence qu'il avait eue à Bologne avec Léon X, lui avait inspiré l'idée de reconquérir sur les infidèles, au moyen d'une croisade, la Grèce où s'était perpétué le souvenir de notre domination ; (1) Les consuls n'étaient alors que de simples délégués du commerce.