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(S                        CESSY.

Je connais votre prose et la trouve fort bonne ;
De ma Muse ottomane elle fut la patronne,
Et, si j'ose louer qui me loua si bien,
Elle m'a rappelé défunt Quintilien.
Enfin, que la santé, jointe a l'indépendance,
Se maintienne chez vous, et superbe est ma chance.
Mais, aux wagons futurs préférant les chevaux,
Sans attendre que l'art par de hardis travaux,
Ait uni votre Saône h la mer de Genève,
Venez, et qu'a loisir ce grand projet s'achève.

Cessy, tel est le nom du champêtre réduit
Où je vis retiré loin du monde et du bruit.
Cessy! ce nom est doux sans être bien sonore.
Cessy ! dirait-on pas qu'au lever de l'aurore,
A travers la forêt humide de la nuit,
Un sylphe aérien se glisse a petit bruit !
Faut-il de ce séjour vous offrir la peinture?
C'est un joli castel, de moderne structure,
Sur le pied du Jura négligemment jeté,
Où le luxe le cède à la commodité.
Mais, ce qui plaît surtout dans cette résidence,
C'est qu'elle abonde en eaux, en ombrage, en silence,
C'est qu'on peut, a travers des bosquets ravissants,
Sans sortir de chez soi se promener longtemps.
Ces bosquets, en effet, forment plus d'un méandre ;
Tantôt ils font monter, tantôt ils font descendre.
Là, d'un torrent fougueux ils suivent les contours;
Ici, d'un clair ruisseau bordant l'aimable cours,
Mêlent leur bruissement au murmure de l'onde,
Et l'on s'y croirait presque aux limites du monde,
Le tic-tac d'un moulin vous avertit pourtant
Que ce profond désert n'est pas sans habitant,