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FABLES par M. Alexis ROVJSSET. — t res livraisons. — Lyon, imprimerie de Fonville et Bonnaviat; in-12, 4 vol. La fable est de tous les genres le plus difficile et le plus facile en même temps ; c'est celui qui souffre le moins la médiocrité. Aussi avons-nous eu un grand nombre de fabulistes ! On en compte plus de trois cents, et cependant deux noms ont seuls surnagé : La Fontaine et Florian, quoique ce dernier soit bien loin de la vérité, du naturel et de Yhurnour de son modèle. Rien n'est donc plus difficile que d'approcher du maître inimitable. A la suite d'un tel moissonneur, il ne reste que de rares et mai- gres épis à glaner. Et le moyen de ne pas toucher à ce riche ger- bier furtivement ou involontairement ? On croit être original, on n'est qu'une copie ; on croit être la voix, on n'est que l'écho. Soyez donc neuf après cet esprit primesautier où l'on retrouve tout à la fois Rabelais, Montaigne et Molière. Qui donc pourra, comme lui, donner la vie à tant de types divers, reflets de l'âme humaine, appelés à vivre aussi longtemps que notre langue! 0 Perette, ma sœur, avec tes rêves que chacun de nous refait à sa guise! 0 bon Meunier, qui t'en vas cheminant avec ton fils et ton âne, et qui te laisse remorquer par l'opinion d'autrui I 0 Bûcheron courbé sous le faix et appelant la mort... pour t'ai— der à recharger ton fardeau ! Et la Cigale, cette imprévoyante prima dona de l'été, en quête chez la Fourmi, ce modèle de l'u- sure, qui donne des conseils à défaut d'écus à qui n'a pas d'hypothèques à offrir ! Et vous, tendres et chers compagnons, modèle de l'amitié, couple heureux de pigeons, dont un aven- tureux voyage vient alïirmer la tendresse et détruire le bonheur !