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'<* 330 BIBLIOGRAPHIE. seul éloge qu'elle donne à Zenon (1) ! le sens moral lui a été étranger ; ce qu'elle a compris quelquefois, elle ne l'a pas senti : il lui manque cet esprit du cœur, le mens cordis , dont parle l'Écriture dans son langage si profond ! Aussi quelle foule peuplait ces villes, ces palais, ces édifices que les arts lui faisaient si splendides ? Quelle foule peuplait cette belle Athènes qui, sous le plus magnifique ciel qui fût jamais, baignant ses pieds dans l'onde bleue de la mer ionique, sem- blait sortir des flots , comme l'image voluptueuse de la Vénus d'Apelles ? Une foule immonde et sans frein, qui après avoir honoré comme un Dieu Socrate buvant la cigûe , crachait main- tenant au visage d'un condamné, parce que ce condamné s'ap- pelait Phocion. Les dogmes s'en allaient, et avec eux la vie se retirait de l'antiquité : c'était un cadavre qui ne puait pas en- core. Comme le disait un grand homme en 1814 : « Si la morale > fait l'individu, les dogmes font les nations (2) : » sans eux, point de peuple. L'homme peut bien se vouer à des dieux imaginaires; mais tant qu'il y croit, il y a dans ce dogme, tout grossier qu'il est, dé quoi soutenir la conscience humaine ; tant il y a de force dans l'idée surnaturelle! Rome a été brave, religieuse, chaste tant qu'elle a cru sincèrement, tant que ses grands hommes n'ont pas rougi de conduire leur charrue de leurs mains consu- laires. Mais le jour où le peuple apprit à rire de ses augures, le jour où Gaton dut quitter le théâtre que gênait son austère pré- sence , ce jour-là il ne restait rien à faire ; le paganisme avait accompli tout ce qu'on pouvait attendre de son génie. On pou- vait bien encore, aux fêtes d'Auguste, venir écouter le chant séculaire d'Horace ; mais qui croyait sérieusement à ces pompes et à ces dieux? 11 y avait peu de jours que le monde avait en- tendu la voix de son maître lui crier : « Que crains-tu ? tu portes César et sa Fortune ? » La Fortune ! voilà quel était le dieu de César , ou plutôt de l'époque. Quand bien même Aristote et Platon seraient sortis de la tombe, qu'auraient-ils offert aux piôt; e^p'/iTo T7r«vt«ç (Diog. Laërt. lib. 7. § 10). (2) De Bonald.