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            LA DIPLOMATIE FRANÇAISE EN ORIENT.             285

nité nationale, plutôt en faire les honneurs qu'y recevoir
l'hospitalité. Au bout de quelques jours, Saint-Blancard re-
mit à la voile, salué par toute l'artillerie lurque, et Mariliac
resta auprès du Grand-Seigneur qui en avait témoigné le désir.
   Cette confraternité entre les deux cours française et ot-
tomane était de nature à alarmer l'Europe el principalement
le chef de la Chrétienté que la puissance des infidèles mena-
çait à la fois dans son domaine spirituel et son domaine
temporel. Ce fut l'occasion d'un nouveau succès pour le
roi de France, puisque le Saint-Père, frappé des consé-
quences probables d'une pareille alliance, se prit à déplorer
la fatale ambition de Charles-Quint qui avait obligé le fils
aîné de l'Église à se jeter dans les bras des ennemis de la
foi, et s'offrit comme médiateur entre les deux parties bel-
ligérantes.
   Pendant tout le cours de ces événements, La Forest ne
s'était pas éloigné de son poste. Fier du résultat de ses pei-
nes, il entrevoyait déjà la cessation des malheurs de son pays,
lorsqu'une fièvre maligne vint le priver du bonheur de sur-
vivre à la réalisation de son rêve. 11 succomba vers la fin de
1537, regretté à la fois des deux grands princes qu'il avait
réunis dans une étroite et sincère amitié.
   Charles de Mariliac, avocat au parlement de Paris, où
son savoir et son éloquence l'avaient fait remarquer, quoiqu'il
fût à peine âgé de vingt-deux ans, souhaitait ardemment
une réforme dans l'Église ; aussi avait-il été soupçonné de
penchant pour ce qu'on appelait alors les idées nouvelles.
Trop compromis pour échapper longtemps au péril qui le me-
naçait s'il fût resté dans la capitale, il s'était attaché à son
cousin Jean de La Forest, et l'avait suivi à Constanlinople,
en qualité de secrétaire. Sa prodigieuse subtilité d'esprit sup-
pléait chez lui à l'expérience diplomatique, et nous l'avons
déjà vu, chargé de missions délicates et importantes, s'en