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282 SUR LE NOM DE MONGLAVE. tions que présentent les romans de chevalerie, il nous parait éton- nant qu'aucun historien de Lyon ne parle de cette famille de Vienne et de la maison-forte qu'elle avait dans cette ville. Ni Rubys, ni Paradin n'en font mention, ni même le P. Menestrier, dans sa grande Histoire consulaire, ni encore la dernière histoire si estimée de M. le docteur Monfalcon. Comment ces historiens ont-ils pu passer sous silence une famille si puissante ? com- ment ont-ils pu ne pas mentionner un nom qui a remplacé pen- dant quelque temps et chez quelques auteurs le nom si connu et si ancien de Lyon ? Il est difficile d'expliquer cet oubli. Propo- sons ici quelques conjectures. C'est vers le XIe siècle que la famille de Vienne acquit par des alliances les comtés de Mà con, de Chalon, d'Auxonne et s'unit aux comtes de Bourgogne. Au commencement du XIIe, le comté de Forez passa dans cette famille. Or, on sait que les comtes de Forez étaient gouverneurs ou gardiens de Lyon : ils le furent d'abord seuls, ensuite concurremment avec les archevêques à qui ils finirent par céder ce titre par un traité en date de 1173. Or, c'est dans cet intervalle de soixante-dix ans à peu près, que la famille de Vienne eut, par le moyen du comté de Forez, l'autorité dans 1a ville de Lyon; c'est vers cette époque qu'elle y établit son chef-lieu général auquel elle donna le nom de Montgrave. Le peu de temps que cette famille a exercé l'au- torité à Lyon a empêché le nom de Montgrave de s'étendre au loin ; et, d'ailleurs, les archevêques de cette ville ne devaient-ils pas être intéressés à faire disparaître tout souvenir qui rappe- lait une autorité si longtemps rivale de la leur ? De là vient que ce nom de Montgrave ou de Montglave n'a été conservé que dans les ouvrages de quelques romanciers du XIVe siècle qui voulaient flatter cette famille illustre et lui attribuer quelqu'un de ces fabuleux paladins dont ils ont peuplé la cour de Char- lemagne. Il n'est guère plus aisé, vu le silence des historiens, de fixer le lieu de cette casade ou maison-forte de Vienne. Deux châ- teaux ou palais appartenaient dans Lyon aux comtes de Forez, en qualité de gouverneurs de cette ville : Roanne et Pierre-Scize.