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                 HYMNE A LA NUIT.                         259

Et cependant je t'aime, ô Nuit silencieuse !
Loin des hommes jaloux et des bruits importuns,
0 Nuit, j'écoute en moi ta voix harmonieuse,
Et de tes vents sacrés j'aspire les parfums.


Ma vie est comme un vase empli de lie amère ;
Les tumultes humains en ont troublé les flots ;
Mais, la nuit, tout s'épure, et la fange grossière,
Redescendue au fond, ne souille plus les eaux.

O Nuit, m'affranchissant du sillon mercenaire
Où le poète en pleurs conquiert le pain du jour,
Tu délivres enfin mon âme prisonnière.
Dis, n'es-tu pas la Muse et n'es-tu pas l'Amour ?,.


Règne, règne sans fin autour de mes demeures,
Dans ta majesté calme et ton immensité,
O Nuit, entraîne-moi sur le char de tes Heures,
Loin des méchants soleils, jusqu'à l'éternité.


Vivre en toi, c'est aimer, c'est espérer, c'est croire,
C'est prier, c'est souffrir, c'est chercher le vrai beau.
Pendant qu'autour de nous s'épaissit l'ombre noire,
L'âme, œil intérieur, voit le divin flambeau.


Combien de fois, ô Nuit, sous un pan de ta robe,
Qui caressait mon front par le doute abattu,
A travers les lueurs que le jour nous dérobe,
J'ai vu Dieu face à face et compris la vertu !..,