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ET AU LAC MAJEUR. 139 goût et de grandeur ; ces ornements surchargés de dorures, exubérants de détails et tourmentés au gré d'une imagina- lion capricieuse, accusent trop la prétention et le maniérisme des artistes italiens de la décadence. Je ne saurais tout citer, mais je ne puis tout omettre. Voici d'abord une vaste pièce â la voûte hardie soutenue par de gigantesques cariatides, aux voussures hérissées d'écussons et de moulures peintes bleue et or; c'est la Salle du trône qui s'élève surmontée de Ja couronne ducale, et flanquée à droite et à gauche de deux meubles en écaille rehaussés d'admira- bles peintures sur verre : là , c'est une chambre de mêmes style et décoration, qu'ornent des copies de grands maîtres (entre autres une Vierge du Pérugin) reproduites sur marbre avec la plus étonnante vérité. Ici, c'est la Salle de bal, cou- verte de stucs, de mosaïques et de marbres, où le jour descend par de hautes verrières et qu'ornent de vastes lustres où s'é- tale, dans toute sa raideur, l'art sec et arrêlé de l'Empire. Plus loin, ce lit de pourpre aux montants dorés, caché au fond d'une alcôve où l'on admire un bénitier en or enrichi de pierres précieuses, ce lit a plusieurs fois reçu Napoléon; ses baldaquins à crépines ont entendu les rêves d'une ambition sans limites comme son génie. Voici le Salon de musique; un modeste piano à queue lui donne seul droit à ce nom, mais il est digne, par les richesses qu'il renferme,fde toute notre ad- miration : meubles, glaces, dont lesjcadresg fouillés dans le bois sont des guirlandes defleurset detfruits, au milieu des- quels semble vivre et bourdonner tout un peuple d'oiseaux bizarres et d'animaux inconnus; fauteuils en velours couverts des plus riches broderies; bahuts en écaille ornés de mosaïques en bois de diverses couleurs ; enfin, une .console dont les pieds hardis et tourmentés servent de jouets à un groupe d'enfants, qui, dans l'auteur ignoré de ce chef-d'œuvre, nous montre un génie inconnu. Vient ensuite une immense galerie de tableaux :