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LETTRE AU SUJET DE L'ÉGLISE D'AVENAS. 119 le rapport de la sculpture.: avec une touche provinciale bien prononcée. Il a dû être exécuté à Beaujeu. Si nous avions besoin de quelques exemples pour appuyer notre opinion sur le retard où se irouvaient les campagnes vis- à -vis des grandes villes et des grandes communautés, nous les trouverions facilement sans quitter nos montagnes du Beaujo- lais. Nous citerions, entr'autres, l'église de Saint-Mamez qui date incontestablement du XIIIe siècle et dans laquelle le plein cintre règne généralement. Dans une partie seulement l'ogive com- mence à apparaître, mais, au premier coup-d'œil, il est facile de s'apercevoir que cette innovation est due à des remaniements qui ont eu lieu plus tard. Au temps même où nous vivons, ne voyons- nous pas combien l'art est en arrière dans les provinces et n'a-t- on pas à gémir chaque jour sur les barbarismes qui se commettent dans la construction des églises de nos campagnes ? Des actes de vandalisme n'y ont-ils pas lieu à chaque instant ? Voyons seule- ment ce qui s'estpasséà Avenasmêmeilya25 ans. Les habitants de cette commune gémissaient de voir que leur église, qui venait d'être badigeonnée à neuf, était complètement déparée par l'autel si vieux et si gothique qui figurait dans le chœur. Une horrible peinture lui fut appliquée, mais ne répondit pas à l'attente des habitants eh ce qu'elle ne faisait que mieux distinguer toutes ces vieilles figures, bonnes à faire peur aux gens. Alors une grande résolution fut prise. Notre monument fut enlevé du chœur, trans- porté dans une chapelle latérale humide et à peine éclairée ; on l'orna d'un devant d'autel en papier; le banc des chantres mas- qua complètement le côté droit, et les habitants furent ravis de voir figurer dans le chœur, à la place de leur vieil autel, une sorte de coffre à tombeau en bois bien peint et bien verni, imi- tant l'acajou, le citronnier, e t c . , et ceci se passait devant nous, en plein XIXe siècle! Et on n'admettrait pas, qu'au XIIIe siècle, les campagnes étaient de cent ans en retard sur les grandes villes ! Est-ce que par hasard on en viendrait à cette conclusion qu'il n'y a pas eu progrès depuis six cents ans ? M. Auguste Bernard pense que Louis Vil a dû passer à Avenas dans quelqu'un de ses voyages et y fonder l'église. Il