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82 BIBLIOGRAPHIE. FABLES, PAR M. l.-M. VILLEFRANCHE; 2e édition, Paris. Dentu, 1854. Nos lecteurs n'ont peut-être pas oublié un article publié dans le numéro de la Revue de décembre 1852, par notre regrettable ami F.-Z. Collombet, et signalant l'apparition d'un volume de Fables dues à la plume d'un tout jeune poète, M. Villefranche, de Lyon. Depuis lors, les Fables de M. Villefranche ont fait leur chemin. La première édition s'est écoulée, et une d'elles, inédite, a été couronnée aux jeux floraux. Ce succès a engagé un de nos ha- biles éditeurs parisiens à publier une seconde édition augmentée d'une vingtaine de Fables nouvelles, et, ce qui est d'un bon augure pour l'avenir, c'est que ces dernières nous ont paru, quelques-unes surtout, supérieures à celles de la première pu- blication. Le style de M. Villefranche a quelque chose de plus ferme, de plus sûr de lui ; le coloris a pris plus d'éclat, plus de vivacité ; on trouve parfois de ces tableaux charmants que les maîtres ne refuseraient pas de signer ; celui-ci, par exemple •. Un gros dindon, à taille rebondie, Portant haut son jabot et sa queue arrondie , Se promenait d'un pas égal Et gloussait d'un air doctoral. Honneur , semblait-il dire, et respeet à la graisse 1 Ou cet autre : Le singe et l'ours , au travers de leurs bois, Firent un voyage autrefois ; Bonnes gens, fort grimpeurs, et grands amis du reste, Quoique d'assez contraire humeur. L'ours marchait lourdement, grave comme un docteur, Pensif, le dos courbé ; le singe, adroit et leste, Tournait, guettait, gesticulait, Et sautait et caracolait. Un grand cèdre s'offrit au sein d'une clairière. Notre magot l'avise : Oh ! le beau belvédère ! Si j'y montais!... Il dit et no balance pas ;