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74 BIBLIOGRAPHIE. de parler ; mais quel changement ! Ce ne sont plus ces énormes blocs sur lesquels l'esprit romain avait la prétention d'éterniser son souvenir. Au lieu de ces superbes lignes de lettres augustales faites pour le plaisir des yeux, nous apercevons à peine, sur quelques minces tablettes, de maigres caractères qui semblent se dérober à la curiosité des passants. Au lieu d'éloges recherchés et d'énumérations orgueilleuses, ce que nous lisons ici, c'est le simple indice du passage d'une âme qui n'était point de ce monde, et qui, par conséquent, n'avait rien à y laisser ; en un mot, la lettre a fait place à l'esprit. Les monuments de ces premiers âges du christianisme sont rares; nous le regrettons, parce que M. de Boissieu a su tirer de ces débris de précieuses conclusions. L'inscription d'un tribun nommé Flavius lui a fourni le sujet d'une dissertation très-con- cluante sur le mode de canonisation usité à cette époque : dans cette même inscription est consigné le titre de sancta Ecclesia Lugdunensis. L'archéologie trouve aussi à glaner dans ces légendes chré- tiennes. Voici une pièce de vers que saint Sidoine-Apollinaire avait fait graver sur l'abside de l'église des Macchabées, bâtie par saint Patiens, et qui nous apprend que cet édifice avait sa façade tournée à l'orient ; que le soleil y pénétrait par de larges fenê- tres décorées de vitraux à personnages ( au Ve siècle ), et qu'on y voyait des portiques, et un cloître ceint d'une forêt de co- lonnes. Que de faits intéressants ressortent de ces épitaphes qu'on lisait autrefois sur les tombeaux de plusieurs de nos évêques dans la crypte de Saint-Nizier où fut faite, en 1308, une reconnaissance • officielle de tant de précieuses reliques. Une copie du procès-ver- bal écrit à cette époque, et communiqué à M. de Boissieu, nous est venu prouver l'exactitude de notre chroniqueur Severt. Ici l'épitaphe de la reine Carétène, épouse de Chilpéric , démontre que Gondebaud n'eut aucune part directe à la mort de Chilpéric, et qu'il n'exerça aucune cruauté envers sa veuve. Plus loin, la légende de saint Sacerdos rappelle la fondation du graud Hôtel- Dieu, et, ce que les administrateurs ne doivent pas oublier, l'a-