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54           SOCIÉTÉ PROTECTRICE DES ANIMAUX.

dirigés par un instinct impérieux, par un instinct d'où dépend
la conservation de son individu et de son espèce. Un animal est
plus fort que l'homme, un autre est plus agile, un autre est plus
rusé, plus habile à saisir sa proie. Mais l'homme connaît, étu-
die ce qui l'entoure, acquiert une notion claire des objets, ob-
serve la succession des événements, en tire des conséquences et
agit avec une entière liberté.
     Le singe lui-même, si rapproché de l'homme, n'a pas, il est
vrai, d'instinct déterminé. Au premier abord on le croirait doué
du libre arbitre. Sa pensée arrive en apparence à la porte de la
raison, mais cette porte est fermée pour lui. Il ne peut, à ses
idées propres, associer des idées étrangères. H ne peut s'appro-
prier ce qu'il a imité. Gamme le dit Herder -. « il voudrait se
 perfectionner, mais il ne le peut pas. »
     Dans l'espèce humaine, grâce à la faculté du langage parlé et
écrit, des individus doués de plus de connaissances et de plus
de perfections, se succèdent de siècle en siècle. Les pensées hu-
maines traversent ainsi les âges, et. par des communications
réciproques, aujourd'hui aussi rapides que l'éclair, se répandent
sur toute la terre.
     Si, d'un côté, dans cette famille humaine, nous observons le -
 Saab, dit communément Bosjemann, bégayant à peine quelques
 sons articulés, le Caraïbe féroce et altéré de sang ; d'un autre
 côté, nous voyons le législateur qui améliore la position de mil-
 lions d'hommes, le penseur qui s'élève aux spéculations les plus
 sublimes , le philanthrope qui consacre toute son existence au
 bien-être de ses semblables.
     Si aujourd'hui nous songeons à améliorer le sort des animaux
 que notre puissance a soumis à notre volonté, n'est-ce pas en-
 core parce que nous leur sommes supérieurs ?
     Si l'animal a unç àme, l'homme a de plus un esprit. L'animal
 n'a que des sensations et des instincts. L'homme aussi en est
 pourvu ; dans le danger, lorsqu'il n'a pas le temps de réfléchir,
 il agit, instinctivement. Mais de plus il a la raison. Dans toutes
 le» autre* circonstances, si l'on veut attribuer un instinct à
  l'homme, la raison chez lui fait de cet instinct un art.