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                             Ã>E M. PAtlL SAUZET.                            5Ã
sait doubler la valeur de ce qu'elle donne. Croyez, Messieurs, que j'en sens
tout le prix. Le culte des lettres m'est aujourd'hui plus cher que jamais.
    Les lettres semblent destinées à grandir encore dans notre temps. Elles
survivent à toutes les vicissitudes qui se succèdent de nos jours avec une
si prestigieuse rapidité ; elles aident la civilisation quand elle monte, et la
relèvent quand elle descend.
    Elles s'accommodent à toutes nos transformations gouvernementales cl
restent debout, dans le naufrage des constitutions et des trônes. C'est
qu'elles se tiennent également éloignées de ia licence et de l'arbitraire, car
•elles vivent par l'inspiration comme par le goût. Or, le goût c'est l'ordre .
et l'inspiration c'est la liberté.
    Elles n'effarouchent personne, parce quelles respectent l'autorité de tous,
et maintiennent la dignité de chacun. La république des lettres sait trou-
ver grâce devant les plus énergiques pouvoirs, et la plus ombrageuse répu-
blique ne'craint pas d'abaisser ses faisceaux devant la royauté de l'intelli-
gence et du génie : ce sceptre s'étend partout et toujours.
    Les lettres adoucissent la guerre et vivifient la paix ; elles honorent les
grandeurs et relèvent la retraite. Elles délassent du travail dans les jours
d'activité de la vie, et en tiennent lieu quand lès jours du repos sont venus.
Surtout après les tempêtes politiques, elles offrent uû abri tutëlâire et Un
terrain neutre , où toutes les dignités se rencontrent sàfts amertume
comme sans faiblesse, où les mains se serrent sans que les fronts se fiôur-
bent jamais. C'est là que les rivaux deviennent des émules et les adver-
 saires des amis , ne luttant plus que pour les progrès indissolublement
liés de la religion, des lumières et de la prospérité publique. Rien, Mes-
 sieurs , ne réchauffe l'intelligence et ne rafraîchit lé ceeUr, comme ces
 épanchements réciproques où chacun prodigue tout ce qil'il à , sans
 compter, et s'enrichit également de ce qu'il donne et de ce qu'il reçoit.
 Nobles effusions , filles de la confiance et de l'étude , qui offrent tout l'at-
 trait d'un sentiment, toute la douce gravité d'une vertu. J'en ai goûté le
 charme toutes les fois que je me suis trouvé parmi vous, et j'aspire à en
jouir désormais de plus en plus ; heureux si mon esprit, partagé entre les
 souvenirs d'un passé plein de leçons et les méditations de l'éternel avenir ,
 peut concourir avec vous à l'ascendant chaque jour croissant de notre belle
 cité et à là gloire immortelle de la grande patrie.
    Ainsi, puissions-nous travailler tous ensemble à Honorer les tombeaux
 de nos ancêtres et à préparer la grandètir de nos neveux !