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470                    EXCURSION DANS DE MIDI.
   « Que dis-je puni? Pourquoi, à l'insude voire majesté, dans son propre
palais, la mort du maréchal a-t-elle reçu une sorte de ratification ? On a craint
apparemment que son image restée dans le salon des maréchaux ne vous
rappelât le forfait et qu'en traversant cette salle pour aller prier Dieu qui
protège la France, il ne vous vint à l'idée de faire punir les coupables. Quoi
qu'il en soit, le portrait du maréchal ne se voit plus à côté de celui de ses
frères d'armes ; mais il est daus toutes les imaginations....»

   La pauvre suppliante termine sa requête à Louis XVIII en
demandant justice au roi, justice aux ministres, justice aux
chambres, justice à la Dation entière; justice à cause du meur-
tre de son époux, justice à cause de l'outrage faite à son ca-
davre; justice à cause de l'insulte faite à sa mémoire par ceux
qui ont osé l'accuser de suicide.
   Il existait, en effet, un procès-verbal constatant que le ma-
réchal s'était tué lui-même. Après la mort du maréchal le
parti qui avait inspiré, peut être commandé ce meurtre, ef-
frayé un moment des suites qu'il pouvait avoir, imagina de
faire dresser une espèce de procès verbal, dans lequel deux
individus, un serrurier, souslieulenant des chasseurs de la
garde nationale, et un boucher, sergent de la l re compagnie
des grenadiers de la même garde, avaient déclaré que le ma-
réchal Brune s'élait lui-même donné la mort. Ces déclarations
étaient de la plus insigne fausseté et les hommes qui les
signaient commettaient un crime de plus.
   On m'a assuré qu'un de ces malheureux, le boucher, vit en-
core retiré dans un village des environs d'Avignon où il est
allé depuis 1830 cacher sa honte, puissions nous dire ses re-
 mords.
    S'il n'existait point des ambitions incurables, des natures
rebelles à lotis les hauts enseignements, nous recommande-
rions la requête de la maréchale Brune aux fanatiques pèle-
rins de Belgrave-Square, qui naguère encore emplissaienl l'air
de leurs sentimentales doléances sur le régime affreux de 1830
et qui bourraient les gazelles de leurs gémissements et de
leurs regrets pour les ineffables douceurs de la Restauration.