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LE P. BERAUD. 239 Il jouissait de la considération due au mérite, et la ville d'Aix se félicitait de le posséder, lorsqu'il lui fut enlevé par ses supérieurs, et destiné à remplacer à Lyon plusieurs hom- mes célèbres. Il en réunit les litres comme il en réunissait les talents ; il devint presque en môme temps professeur de mathématiques, directeur de l'Observatoire et gardien du mé- dailler. L'époque de son arrivée à Lyon fut celle de son entrée à l'Académie, il y fut reçu le 24 décembre 1740. Celte Com- pagnie s'empressa d'admettre dans son sein un homme que sa réputation avait devancé, et qui lui était utile dans plus d'un genre. Il fut mis dans la classe de l'astronomie, partie des sciences peut-être la plus belle, la plus brillante, la plus satisfaisante pour l'homme, et la plus digne de son génie, mais aussi la plus difficile et la plus compliquée. Quelle vaste étendue d'esprit n'exige-t-elle pas pour embrasser toutes les lois des mouvements célestes? Quelle profondeur pour com- biner le cours des astres, et ramener à des principes sûrs tant d'inégalités apparentes ? Quel courage et quelle patience pour braver les rigueurs des nuits d'hiver, et dérober au sommeil ce que demande la nature ; pour suivre avec une attention scrupuleuse et dans une altitude souvent pénible, la marche d'une planète qu'après plusieurs heures d'observa- tion une vapeur dérobe quelquefois à la vue, en frustrant l'observateur du fruit de ses peines? Mais ceux que possède l'amour des sciences, ne connaissent point d'obstacles, et ils trouvent souvent des charmes dans ce qui fait frémir l'indo- lence. Tel fut le P. Beraud : observateur infatigable, il a travaillé sans relâche au progrès d'une science qui faisait ses délices ; aucun phénomène digne d'intéresser les astro- nomes n'a échappé à sa vigilance ; et quoique d'une cons- titution assez forte, qu'il devait plutôt à une vie réglée et frugale, qu'à la nature de son tempérament, il y a eu des occasions où il aurait été victime de son zèle, si ses confrères,